jeudi 3 décembre 2009

La Dolce vita

Plus de 4 semaines depuis ma dernière entrée!
Suis revenue en Italie le 19 octobre et ai retrouvé mon amoureux avec beaucoup de joie. La quiétude de Corconio m’attendait, et aussi le 1 degré Celsius au sol le matin de mon arrivée en terre piémontaise. Le choc! Moi qui revenais de 3 semaines de 23-25 degrés, le froid (anormal à ce temps-ci de l’année) à Milan me glaça les os… et m’envoya dépenser $500 de linge dans les boutiques la journée même! Voyez-vous, ce n’était pas tout à fait prévu que je me ramasse en Italie à ce moment-là, et mon linge d’hiver (et mon linge de ville tout court) était dans une valise à la maison qu’Yves devait rapporter en Italie avec lui en novembre lorsqu’il retournerait quelques semaines à Montréal pour passer du temps avec les enfants. J’étais équipée pour une belle journée d’été en Grèce ou une nuit froide sur un bateau en Atlantique, mais pas pour la province italienne. Oh well, que dois faire une fille qui n’a pas de linge approprié… Magasiner! En Italie, bon, y’a pire endroit… En plus mon chum avait décidé de me sortir dans un resto plutôt chic le soir de mon arrivée, et mes shorts de voile ne faisaient pas trop l’affaire… Il m’a donc patiemment accompagné pendant que je faisais mes achats. Je dois dire que je suis particulièrement contente de mes bottes hautes noires! Nous nous sommes rapidement installés dans notre petite routine à Corconio. C’est une toute petite bourgade (je dirais 30-40 maisons p-e?) située en surplomb du Lago d’Orta, un lac situé dans le nord de l’Italie, dans la région des lacs. Nous habitons dans la maison familiale d’une amie professeure à Montréal qui vient de la région et qui la loue à Yves pour la durée de sa sabbatique. Nous sommes super bien installés et bénéficions d’une vue magnifique sur le lac et les montagnes derrière. Donc Yves travaille durant la journée, parfois à la maison et parfois à un institut de recherche qui l’accueille pendant sa sabbatique pour qu’il puisse y faire sa recherche. Moi je me promène, je vais dans les marchés, je prends la voiture et je vais visiter des villages des environs, ou alors je fais quelques heures d’italien par jour avec des cours sur internet et des podcasts. Malgré la température fraîche qui a sévit, la vie est très douce à Corconio.Le premier week-end après mon retour, nous avons fait un petit voyage à Genova et Cinque Terre, pour une longue fin de semaine. Genova est une grande ville industrielle, qui a un très gros port, qui ne peut pas être découverte en 1 journée comme nous avons tenté de le faire. L’architecture y est très particulière, les palazzi italiens des 18-19 siècles y sont magnifiques. Son vieux quartier est une collection de petites ruelles hyper étroites qui forment le plus gros centre médiéval d’Europe; on s’y perd à n’en plus finir. Très rigolo de se promener et réaliser qu’on est dans le « red light district » de la vieille ville au détour d’une ruelle, à 17h00 de l’après-midi… Après une journée et une soirée passés dans cette belle ville, nous avons mis le cap sur Cinque Terre, petit coin de terre mythique en Italie du Nord, en suivant la Riviera italienne à partir de Genova. Cette côte est superbe, et les petites villes tout à fait mignonnes. On se demande comment les Français et les Espagnols ont fait pour autant détruire le charme de leurs « riviera », alors que l’italienne est encore jolie, de bon goût, en tout cas de ce côté de Genova. pour le lunch dans le superbe et TRÈS touristique petit village de Portofino, qui malgré ses boutiques de luxe et ses restos hyper chi chi, est majestueux et très agréable… pour un arrêt de 2 heures. La route sur la pointe pour s’y rendre met au défi les plus aguerris des conducteurs de petits routes européennes larges d’une voie (alors que les autos viennent des 2 directions) en lacets, mais le coup d’œil vaut définitivement les quelques sueurs froides exacerbées par les conducteurs italiens de motocyclette qui sont complètement fous… L’arrivée à Cinque Terre se fait par une aussi petite route. Cinque Terre est le nom donné à une partie de la côte de la Ligurie est dans laquelle se trouvent cinq villages autrefois accessibles uniquement par la mer (ou un train côtier), et reliés entre eux par une série de sentiers qui longent les falaises escarpées de cette magnifique côte. Maintenant on peut s’y rendre par une petite route, mais une fois arrivés dans un des villages, vaut mieux y laisser la voiture et utiliser les bateaux taxis, le train et les sentiers pour aller de village en village. Nous sommes arrivés le samedi soir et trouvé notre petite auberge charmante. Le village de Monterosso al Mare, le premier des cinq, dans lequel nous avions élu résidence pour le w-e est tout à fait joli, très pittoresque malgré que le plus grand de tous. Mais le vrai coup de cœur sera le lendemain, alors que nous embarquons dans un bateau taxi pour se rendre au dernier village, avec l’intention de retracer notre route à pied par les sentiers épousant la crête des falaises. Le point de vue sur les villages à partir de la mer est magnifique. Une fois à terre, nous emprunterons la route piétonne tantôt large et de pierre, tantôt étroite, tortueuse et de terre et de roches qui roulent sous nos pieds. Mais entre Riomaggiore, Manerola, Coniglia et Vernazza, les points de vue saisissants côté mer se multiplient. Côté terre, la région est connue pour ses vignobles à flancs de falaises et balayés par le vent marin, dont ont soin leurs propriétaires à l’aide de petits « trains moteur à une personne » installés sur des courts rails entre les vignes, qui vont de haut en bas, et qui leur permettent de monter et redescendre entre leurs terrasses. Une fois arrivés à Vernazza, après 4 heures de marche, 4 villages et un bon repas, nous décidons de prendre le train pour rentrer à Monterosso. Quelle belle journée! Elle se terminera d’ailleurs dans une halte gastronomique haute en couleur… L’hôtel nous a recommandé un restaurant typique, installé près de la mer dans une grotte de pierre ouverte qui autrefois fut un bunker de guerre. Ils ont fermé le plafond avec du plâtre et ont installé une fort jolie salle à manger dans l’espace circulaire. La nourriture y était excellente, les plats copieux et le vin commandé (Vino nobile de Montalcino) de très bonne qualité. Mais nous y avons eu une visite un peu moins agréable… À un moment du repas, bien installés confortablement dans notre petite alcôve de roche, j’aperçois du coin de l’œil un mouvement à côté de moi, où Yves est assis. Le temps de me retourner d’un quart, la cause du mouvement se déplace de l’épaule d’Yves vers la banquette sur laquelle nous sommes tous deux assis, se cogne contre ma cuisse sous la table et disparaît vers le sol… je baisse les yeux pendant que tout ceci se passe en une demie seconde pour apercevoir disparaître sous la nappe une… longue queue de rat… Un cri étouffé est sorti de ma bouche, que je rattrape un peu trop tard, et la serveuse lève les yeux de l’autre côté de la salle mais me voyant calme, elle repart. Yves et moi, un peu estomaqués, avons tout d’un coup le fou rire… nous attendrons une quinzaine de minutes avant de pouvoir aviser la serveuse, quand elle repassa. Disons que ce souper-là ne nous a pas coûté cher! Et le comble c’est que plus tard dans la soirée, un gros oiseau est rentré dans le resto et s’est mis à voler à quelques pouces au-dessus de nos têtes. Aie aie. Mais ce fut une très belle soirée, et fin de semaine, malgré ces aventures. J’ai adoré Cinque Terre, et j’ai d’autant plus aimé y être en dehors de la saison touristique, ayant tout de même bénéficié d’une température anormalement clémente de 23 degrés pendant notre randonnée. Les 2 semaines entre mon retour et le départ d’Yves pour Montréal ont passés très vite, et je le déposais à l’avion pour Montréal pour 3 semaines en début novembre. Moi je restais subséquemment 13 jours à Corconio, pendant lesquels mon amie Manon viendra me rejoindre pour une petite semaine, et ensuite les Iles Canaries m’attendaient pour me mettre à l’épreuve… et ceci sera une autre chronique.

jeudi 29 octobre 2009

Grèce et Turquie, suite et fin…

Je réalise que j’ai laissé couler une longue période sans rien écrire… clairement je n’avais pas grand-chose à dire ou je ne sentais pas l’inspiration.
Mon voyage dans les îles grecques et le long de la côte de Turquie s’est terminé tout doucement, sans grand fracas. Il correspond aussi à une période de stabilisation émotive chez moi, et d’apaisement. Qui a dit que c’est dans la douleur qu’on trouve l’inspiration!? Cette prophétie semble bien à propos chez moi….
Nos derniers jours en Grèce se sont déroulés dans une petite île appelée Nisyros, dans le mignon port de Pali. Un petit paradis cette île. Tout d’abord, il faut préciser que dans les îles grecques, c’est très rare de devoir payer un port, ce qui est génial car ailleurs en Europe ça peut être cher. Mais les services sont également restreints; on doit s’amarrer « cul à quai » car il n’y a pas de pontons, et les branchements d’eau et d’électricité sont presque toujours inexistants sauf dans les vraies marinas. Mais cela confère une atmosphère bon enfant au cabotage d’île en île qui est très chouette. Pali est un de ces petits ports où sont amarrés une quinzaine de voiliers en plus d’une autre quinzaine de tous petits bateaux de pêcheurs (incroyable la petitesse des embarcations des Grecs et des Turcs sur les côtes!), où tout est informel et sympathique. Juste devant l’emplacement de notre voilier se trouvait une taverna (pas une taverne comme chez nous – une taverna en Grèce est un petit resto familial qui sert des repas locaux et des boissons) dont nous avons croisé le proprio en arrivant, qui lui-même rentrait de sa pêche de la journée avec un sceau plein de bonites fraîches. Nous nous sommes empressés de demander s’il les vendait pour se faire répondre qu’il les vendait (préparés) à sa taverna. Si bien qu’après une bonne douche sur le bateau, une petite bière fraîche et une balade dans le village (ce qui a pris 4 minutes…), nous n’avons pas hésité à lui commander une belle grosse bonite grillée pour ce soir-là. Ce fut notre meilleur repas en Grèce, et de loin. Pour une fois, tout ne baignait pas dans la friture (malgré les patates frites de circonstances qui venaient avec…) et on ne peut pas avoir de poisson plus frais que ça! Petite voiture
Le lendemain nous avons loué une petite voiture, pour la somme faramineuse de 30 euros (et payée cash!!! Je présume que ce n,est pas très dangereux qu’on parte avec compte tenu que l’île au complet fait à peu près 25 km de long), et sommes partis en balade vers le volcan Stefano. Les îles des Dodécanèses sont volcaniques, mais Nisyros a encore un volcan semi actif, qui n’a pas eu d’éruption proprement dite depuis 17 000 ans mais qui a eu des explosions hydrothermiques plusieurs fois depuis les derniers 15 siècles. Le caldera a en son centre un cratère principal et 3 autres plus petits qui sont truffés de fumeroles dégageant des vapeurs d’eau et de souffre atteignant 103 degrés. Le volcan est en lui-même très impressionnant, et les petites structures formées de souffre pur qui entourent les fumeroles sont les plus jolies que j’ai vues dans un volcan. Au milieu du cratère principal, dans lequel on peut descendre, des piscines de boue bouillante crachent des vapeurs et bulles argileuses et menacent de s’enfoncer sous tes pieds si tu en approches de trop près. Après le volcan, petite virée à Nikia, joli petit village accroché aux flans extérieurs du massif volcanique surplombant la mer, mais qui sous la surface rutilante révèle après une balade dans ses ruelles une triste histoire d’exode et de demeures abandonnées depuis des dizaines d’années. Autrefois un village dynamique, Nikia compte maintenant seulement 35 résidents permanents, et quelques dizaines de plus de citoyens exilés en Amérique ou en Australie qui y reviennent en été. Les ruelles sont bordées de jolies maisons grecques dont la chaux extérieure est diligemment refaite à tous les ans et dont les murets des cours regorgent d’hibiscus ou de bougainvilliers, mais le tout est entremêlé de nombreuses vieilles maisons de pierre abandonnées et en ruine. Dans les rues, beaucoup de chats (ils sont rois et maîtres dans les îles grecques, et le savent…), un
seul café ouvert avec un propriétaire rigolo qui semblait s’emmerder à mourir, Payanotis, qui était ravi de voir deux femmes se balader et encore plus ravi de me pincer la taille en douce quand on a prit une photo ensemble…

Après être restés à Nisyros 2 jours, nous avons levé l’ancre pour la Turquie, et avons parcourus les 10 petits milles qui nous séparaient de la côte turque pour aller jeter l’ancre à Knidos, ancien port hellène construit dans une baie naturelle qui présente encore de jolies ruines. Ce fut un petit mouillage tranquille, et le lendemain nous avons mis cap sur Datça pour un ravitaillement nécessaire. Prévoyant y passer seulement une heure, nous avons fini par y passer la nuti car Francis et Patricia, allant s’enregistrer aux autorités du port, ont eu des démêlées avec ces derniers qui ont retardé le départ… je vous explique : tout d’abord, la Grèce et la Turquie font tout ce qu’ils peuvent possiblement faire pour s’emmerder mutuellement et ne font rien du tout pour faciliter le passage des touristes, et encore moins des bateliers, d’un côté à l’autre du mince détroit qui marque physiquement les deux solitudes. Ce qui fait que les formalités pour entrer et sortir de l’un et de l’autre pays, ou d’y inscrire une embarcation ou des passagers, sont un fouillis bureaucratique incroyable qui teste la patience de tout bon « voileux ». Premièrement, en Grèce, comme en Turquie (mais c’est pas excusable pour la Grèce qui fait maintenant partie de l’Union Européenne), il faut s’enregistrer avec son bateau quand on veut naviguer ses eaux et se faire créer un « transit log ». Il faut payer. Ensuite, tu dois enregistrer les allées et venues de tes équipiers à chaque changement. Il faut encore payer. Mais si tu changes de pays, tu dois te déclarer à la sortie du pays, ce qui rend ton transit log caduque, et t’enregistrer en rentrant dans l’autre et te faire créer un autre log. Ce qui rend douloureux l’aller-retour des îles à la côte (on comprend ici qu’il y a 2-3 heures de navigation entre les deux seulement), ce qui serait un mouvement naturel pour un capitaine qui cherche à naviguer avec la météo et à parfois besoin de se mettre à l’abri d’un vent du nord, parfois de l’est, etc. et choisirait ses mouillages ou ports selon, surtout qu’il y a peu de ports sur la côte turque et ils sont éloignés les uns des autres. Ce que tout le monde fait pour contourner la chose, c’est qu’ils s’enregistrent en bonne et due forme de chaque côté, et ensuite naviguent entre les deux sans se déclarer sortant ou réentrant dans l’autre pays, tout en étant en ordre dans le pays où ils naviguent à tout moment.
Ce qui a compliqué la chose, et que Francis n’avait pas prévu, c’est que nous avions recueilli Patricia sur une île grecque qu’elle avait rejointe par ferry, alors que Marie et moi avions été ajoutées au log en Turquie. Hors, pour ne pas déclarer qu’il avait été en Grèce car il n’avait pas fait sa sortie de Turquie, Francis a fait croire que Patricia était montée à bord dans le port précédent de Turquie. Mais Patricia avait été enregistrée au départ de Turquie et entrant en Grèce car ceci s’était fait officiellement sur le ferry… Problème… En plus ils sont tombés sur un jeune policier turc arrogant et de mauvaise humeur, qui n’a pas trop apprécié la manœuvre et les a niaisés pendant 2.5 heures avant de se faire ramener au calme par son supérieur. Bref, un mauvais moment pour eux fut passé à tenter de se dépatouiller dans les humeurs bureaucratiques qui paraissent bien évidemment surtout politiques. Marie et moi pendant ce temps en avons profité pour visiter un peu Datça qui est charmante et se prendre une petite bière sur le bord du port.
Le voyage tirait à sa fin. Nous avions décidé de piquer vers Marmaris, grand port touristique au sud de la Turquie, pour que chacun puisse poursuivre sa route. Moi je cherchais à rejoindre un aéroport pour rentrer en Italie pour y passer quelques semaines avec Yves… c’est long 2 mois et nous avions tous les deux très hâte de se revoir, ayant de part et d’autres rempli, partiellement tout au moins, le besoin d’accomplissement personnel et individuel qui avait alimenté la séparation physique temporaire. Patricia elle poursuivait sa route le long de la côte turque et Marie et Francis rentraient en France après que Francis ait laissé le voilier en hivernage à Marmaris.

Je tenais, avant de m’envoler vers les bras de mon amoureux, à visiter Istanbul que j’avais traversée « sur une gosse » à mon arrivée. Quelle ville extraordinaire, et combien 3 jours ne permettent de d’en effleurer une petite surface! Premièrement, c’est immense… 12,5 millions de personnes officiellement, certains disent jusqu’à 18 millions en comptant tous les illégaux. La 5e plus grande ville au monde, elle vit et respire ses deux identités; l’une européenne, moderne, angoissée, proprette et foncièrement fonctionnelle, et l’autre asiatique, hospitalière, courtoise, marchande, un peu rustique. Elle souffre d’une immigration rurale accélérée (10 millions de personnes y sont venues des autres régions de Turquie depuis 50 ans) et d’un éclectisme cosmopolite flagrant, mais elle semble absorber le tout relativement aisément, comme elle passa des mains des Chrétiens aux Ottomans sans complètement perdre la trace de ses origines. Byzance est encore très présente dans ses majestueuses églises converties en mosquées et ses structures et ruines romaines, mais la présence continue des Sultans pendant 5 siècles a laissé à la ville des joyaux architecturaux et une riche culture résolument ottomane beaucoup plus qu’islamique. On entend l’appel à la prière du muezzin 5 fois par jour à Istanbul et les nombreuses et imposantes mosquées dominent les collines de la ville, mais le stambouliotes d’aujourd’hui vivent leur religion, leur culture et leur ville très différemment selon les quartiers. Ils ont une affection naturelle pour l’Europe mais une ambivalence envers l’euro, un accueil plus que chaleureux des étrangers, une gastronomie dont ils sont éminemment fiers et un sens de la fête aiguisé. J’y ai passé un excellent 3 jours à visiter les monuments évidents : Haghia Sofia, magnifique église byzantine convertie en mosquée; la mosquée bleue; Topkapi Palace, le grand Palais des sultans jusqu’au 19e siècle, dont le principal attrait est le harem, quartier de vie des concubines et enfants des sultans, qui est un dédale fort intéressant de pièces fonctionnelles et de pièces d’apparat ornées de belles céramiques ottomanes et de majestueuses fresques. La collection d’objets précieux dans la trésorerie du Topkapi Palace doit faire faire des cauchemars au conservateur de ce musée – l’or massif, les immenses et nombreuses pierres précieuses, le jade et les bois précieux dont sont composés les objets y étant hébergés témoignent de la somptuosité du règne ottoman. Mais j’ai aussi marché les rues de la vieille ville et passé de bons moments dans ses bazaars (le Grand bazaar, dédale étourdissant de marchandises allant de la pacotille aux plus riche des bijoux en or, et le spice bazaar, plus facile à aborder, proposant d’agréables étals de friandises, épices, et autres spécialités locales.).
Le 2e soir de ma visite à Istanbul, j'ai cédé à la tentation d'aller voir un spectacle de "whirling dervishes", manifestion culturelle de la communauté turque soufie qui suivent les écrit du poète Rumi. C'est quelque chose qui est assez méditatif et un peu cliché, mais j'ai beaucoup aimé la musique et les danses qui induisent presque une transe à la fois chez les danseurs et chez les spectateurs.
C'est un moment de calme et de réflexion...
J’ai décidé de passer ma dernière soirée dans un hammam turc, ce qui fut une expérience tout à fait charmante! Au début, t’as vraiment l’air d’une touriste quand on te donne un petit gant d’exfoliation et un petit jeton pour ton « frottage » et qu’on te pointe vaguement vers les vestiaires… après t’être déshabillée, une matronne te lance un « peshtemal », sorte de serviette en coton traditionel, dont tu dois t’entourer avant d’entrer dans la salle « chaude ». Là, tu te débrouille pour te trouver un petit coin pour t’étendre entre les dizaines de corps de femmes allongées sur le marbre chauffant de la dalle centrale de la pièce, et tu attends qu’une autre matronne turque, bedonnante et débordant de son bikini noir, te tire un peu brusquement par le bras et te replace sur le bord de la dalle pour t’entreprendre à te frotter et te savonner, tout en te faisant clairement comprendre avec des tapes bien placées quand tu dois te retourner, te lever, t’asseoir, etc. Suite au massage savonneux, elle te déplace près d’une des nombreuses fontaines d’eau fraîche qui bordent la salle et t’asperge sans ménagement. L’expérience n’est pas douce mais étrangement relaxante et ensuite tu peux relaxer dans la salle en alternant entre la salle de vapeur, l’eau fraîche et le bain jacuzzi à volonté.

Voilà, suite et fin de mon périple dans ce coin du monde. Mon avion m’attendait pour la continuation… à suivre!

mardi 6 octobre 2009

Les Dodécanèses


Ah les îles grecques… mythiques mais méconnues, hyper popularisées et en même temps d’une autre époque, à l’autre bout du monde mais complètement tournées vers la modernité. Et d’une beauté légendaire!
Nous avons quitté Bodrum vendredi soir tout juste avant souper. Nous ne pouvions pas aller loin donc avons jeté l’ancre protégés par l’île juste en face, pour y passer la nuit. Je n’ai pas pu résister piquer une petite plonge dans la Méditerranée malgré qu’il ne faisait pas si chaud.
Samedi, après une brève escale obligée à l’île de Kos, un des ports d’entrée des îles grecques, pour y faire tamponner notre entrée en territoire grec et enregister le bateau et les passagers, nous avons mis cap sur les îles du Nord de l’Archipel des Dodécanèses. Ce fut une superbe journée de voile, un beau vent de travers de 15 nœuds, nous filions à toute vitesse. Nous sommes entrés dans la baie de l’île de Leros tout juste avant le coucher de soleil, pour y découvrir une petite île non envahie par le tourisme de masse, tranquille, charmante, et un peu endormie. Avons mis le bateau « cul à quai », typique façon méditerranéenne de s’amarrer dans les ports, et hop! nous avons sauté à terre pour aller prendre une bière sur les mignonnes petites tables en bois bleu royal. La Baie est tombée sous la noirceur rapidement, et nous avons été pris par le charme de l’endroit. Le lendemain matin, nous nous sommes faits réveillées par les papotements des vendeurs de poisson installés à 5 mètres de notre bateau – dorade, loup marin, rouget, petite friture, calmar, poulpe, et toutes sortes d’autres espèces non reconnaissables à mes yeux non initiés. J’ai sauté avec mon porte-monnaie, et pour 12 euros en sommes sortis avec un kilo de calmar frais et un demi kilo de petits poissons à frire. Ma prochaine escale a été la très alléchante pâtisserie juste à côté, et je n’ai pas pu résister aux gâteaux au miel qui font la fierté de cette île et aux chaussons à l’écorce de tangerine, amandes et miel, mium! Nous sommes partis de bons pas gravir la colline derrière le village, au sommet de laquelle trône un vieux château byzantin. Au passage, les paysages de jolis villages grecs se sont révélés à nous, au dédale des rues et des maisons carrées blanchies à la chaux.
Les choses se sont un peu corsées quand revenus au bateau vers 12h30 nous avons voulu lever l’ancre pour partir (car pour s’amarrer cul à quai, il faut laisser tomber l’ancre devant le bateau et reculer au quai, pour ensuite attacher le derrière du bateau avec une aussière de chaque côté. L’ancre garde l’étrave du bateau bien droite et nous empêche de cogner les bateaux à côté de nous). Leros étant un port surtout de petits pêcheurs, pas trop équipé pour le nautisme, nous avions laissé tomber notre ancre au-dessus de câblots attachés au fond par des vieilles ancres et des blocs de ciment, qui retiennent des corps morts dont se servent les pêcheurs pour mouiller dans la baie. Résultat, l’ancre était entremêlée avec des câbles, des chaînes et deux autres ancres, aucun moyen de la sortir de là! Francis, avec l’aide d’un voisin français qui connaissait quelques personnes sur l’île, a arpenté les quais pour trouver un plongeur qui pourrait nous dépanner, pour finir par découvrir que le plongeur était parti… plonger, et ne revenait pas avant la fin de la journée. Nous avons donc fait la sieste, mangé tranquillement, lu, etc. tout l’après-midi en tuant le temps. Le plongeur s’est finalement pointé à 17h30 et nous a sorti de notre impasse en 10 minutes, mais il était trop tard pour partir rejoindre une autre île ce soir-là.

Départ très tôt le lendemain matin, car nous voulions rejoindre l’île de Patmos un peu plus au nord en Mer Égée, pour y cueillir Patricia, notre nouvelle équipière. Une petite navigation au moteur de 4 heures nous y a mené en fin de matinée car il n’y avait aucun vent. Avons trouvé Patricia comme par hasard sur le quai en arrivant, et nous sommes installés à quai car nous prévoyions y passer 2 jours. Dans cette région, un vent fort dominant du nord, nord-ouest appelé « meltem » souffle en été et au début de l’automne. La météo nous annonçait un coup de vent de meltem à partir de lundi soir, donc nous avions décidé de passer les 48 heures pendant lesquelles ça durerait bien à l’abri à Patmos, qui de toute façon s’annonçait une très jolie escale. Et combien jolie est Patmos!!!
La mer au loin est plus bleue qu’on ne peut l’imaginer, les maisons plus blanches que sur les cartes postales; les jardins débordent de jasmin, de bougainvilliers roses, d’hibiscus rouge écarlate, de grenadiers croulants sous le poids des pommes grenades, de limiers en fruit, de figuiers jetant leurs dernières figues de la saison. C’est un enchantement que de se perdre dans les ruelles de ces petits villages et d’y déambuler sans but autre que de piéger la plus jolie vue possible. C’est à couper le souffle!!! Si elles sont fort jolies ces îles, par contre elles ne sont pas vertes, ce fut ma grande surprise. Ce sont des îles volcaniques, sèches, pleines de cailloux, et très en relief. Il y a de la verdure dans les jardins des maisons dans les villages, mais les paysages en dehors sont presque désertiques.
Aujourd’hui Francis avait loué une petite voiture car il devait aller à l’autre bout de l’île dans un chantier maritime pour y trouver une pièce pour son moteur Yamaha, donc nous en avons profité pour se rendre à la Chora, village traditionnel de ces îles grecques, perché sur la crête de la colline la plus haute de l’île. Il y a le monastère de Saint-Jean, qui aurait rédigé l’Apocalypse ici sur Patmos. L’île au complet est imprégnée de cet héritage religieux et abrite presqu’une centaine d’églises orthodoxes. Le Monastère est fort joli, et nous sommes arrivées tout juste à la fin de la Messe, alors avons pu admirer toutes les petites mamies en noir et les popes orthodoxes avec leur soutane et leur coiffe. Très exotique!
La balade à travers les petites rues de la ville fut charmante. Ensuite, cap sur un petit hameau au bord de la plage pour un lunch grec et 2 petites heures à la plage. On doit dire… les Grecs ne mangent pas très bien. C’est décevant, c’est beaucoup de friture, des plats simples préparés avec peu de condiments, pas très raffinés. Bon, on leur pardonne vu la beauté des paysages!
Sommes rentrés en fin d’après-midi pour voir la baie tranquille d’hier envahie aujourd’hui par des dizaines de voiliers se mettant à l’abri du meltem ce soir. Il y a une régate, des tas de voiliers de 40-50 pieds loués en Grèce par des équipages allemands qui font je ne sais quel parcours ont inondé les quelques places restantes de quai, se mettant en travers et s’accotant 4 ou 5 à l’épaule, et desquels sortent des innombrables équipages de mecs dans la trentaine ou la quarantaine pleins de muscles. Mais pas une fille en vue! Le vent souffle de plus en plus fort, nous sentons bien que la nuit ne sera pas tranquille, ni au niveau du bruit fait par les équipages voisins, ni au niveau du mouvement de va et vient que le vent inflige au bateau amarré.

jeudi 1 octobre 2009

Arrivée en Turquie


Cette entrée sera brève et marquera le début d'une nouvelle partie de mon aventure.
Je suis arrivée à Istanbul le 29 septembre en soirée, et ai pris un avion pour Bodrum, sur le bord de la Mer Égée, mardi matin le 30. Suis maintenant à Bodrum, sur mon nouveau bateau OUVEA II, avec Francis, son propriétaire du Sud de la France qui a la soixantaine bien sonnée, et qui avec son rire un peu cynique, son bedon prospère, son caractère fort gentil et un peu soupe au lait sort tout droit d'un film de Pagnol, et Marie, sa compagne, très gentille dame également.

Bodrum est une très jolie ville touristique, je ne crois pas que ça soit la vraie Turquie... Les gens y sont fêtards, parlent assez français ou anglais pour tenter de te vendre une montre de contrefaçon, du parfum ou un tapis, mais c'est une super petite ville! Ici, ils ont des embarcations traditionelles, des "gulet" (goulettes), grands bateaux de bois à 3 mâts qui sont maintenant restaurés et servent à faire faire des excursions aux touristes. De magnifiques bateaux qui valent quelques millions de dollars!!!
Nous devrions partir en fin d'après-midi pour les îles grecques qui constituent les Dodécanèses, archipel tout à l'est de la Grèce qui longe les côtes turques. c,est un peu irréel de me dire que d'ici 12 heures je serai en train de faire de la voile dans les îles grecques!!! j'ai très hâte. voici quelques photos pour vous faire patienter, et à bientôt!

lundi 28 septembre 2009

Des milles, des cargos et des dauphins…

Cela m’aura pris près de 4 jours pour écrire cette entrée suite à notre arrivée du périple d’Oeiras à Vilagarcia de Arosa, traversée la plus longue à date, 72 heures.
Ce temps d’arrêt aura été provoqué par des circonstances relatées à la toute fin de cette entrée.

Traversée longue et difficile sur plusieurs points. Nous étions partis de Oeiras après presque 3 jours d’arrêt pour réparer la toilette (encore, encore, toujours, et sans succès) et se préparer car nous visions comme prochaine escale La Coruña, tout au nord du Cap Finisterre en Galice, un point de chute fréquent avant le passage du Golfe de Gascogne. Nous avions 310 miles pour se rendre, donc nous prévoyions 3 jours pleins en haute mer, et un passage du Cap Finisterre mouvementé car c’est une zone connue de courants et vents forts, sans compter la présence de très gros cargos en grande quantité.
Le départ s’est fait en début d’après midi le 22, et nous avons eu un peu de vent au début. Ensuite, rapidement le vent est tombé, et la mer s’est aplatie, et cela durera 2 jours pleins… de plus, le peu de vent qu’il y avait venait de la direction même où nous allions, donc très tôt nous avons dû dévier de notre route pour aller un peu plus au large pour prendre le vent sur notre travers.

Robin s’était octroyé a responsabilité de prendre la météo et de faire les pdf des cartes de vents pour les 3 jours. Hors comme nous avions prévu partir la veille, il les fit une journée trop tôt, et le lendemain Bernard lui avait demandé de les refaire; il a fait à sa tête, a comparé les cartes et jugeant qu’elles n’étaient pas suffisamment différentes, ne les refit pas. Lorsque nous avons commencé à dévier de notre route vers le large, et avons réalisé le peu de vent qu’il y avait et notre très lente progression (moins de 3 nœuds – 6 km - à l’heure les premières 24 heures), Bernard a voulu refaire une stratégie de route avec la météo, compte tenu qu’après une pleine journée nous étions déjà 50 milles en retard sur nos prévisions, i.e. à notre vitesse environ 18 heures de retard. Robin s’est mis à raconter un peu n’importe quoi, nous enjoignait d’aller plus au large (nous étions déjà à 70 milles des côtes) car il nous parlait de vents de nord-ouest qui allaient nous ramener vers la côte, se fâchait quand on lui demandait les fichiers météo en nous disant qu’il s’en rappelait, etc. Nous avons fini par comprendre que ses fichiers météo finalement étaient maintenant caducs car ils avaient été faits en prenant pour acquis un départ 24 heures plus tôt, et en plus finissaient trop tôt car nous avions maintenant près d’une autre journée de retard. Bref, de la merde…
Cette deuxième journée fut donc longue et plate, sans vent, du soleil malgré tout, beaucoup de moteur, et des obstinations constantes entre tous sur la route à suivre. Moi je nous voyais nous éloigner de notre but de plus en plus basé sur de fausses présomptions, alors que ça faisait 36 heures que le vent était de nord-nord-est et ne bronchait pas de plus de 10 degrés, mais j’en étais venue à tellement redouter le désaccord avec Robin que je me suis fermée la gueule; jusqu’en milieu de la 2eme nuit, quand Bernard m’a relevé de mon quart, pour finalement lui dire ce que je pensais : que nous devions à tout prix changer de cap vers les côtes, pour s’approcher un peu et éviter de se retrouver à revenir vers le Cap Finisterre face au vent de nord est lorsque les vents forciraient, et que Robin racontait n’importe quoi pour se rendre intéressant et qu’il n’y aurait jamais de nord-ouest car je les avais vu les fichiers et que tout ce que nous courrions c’était le risque de se retrouver trop loin des côtes et de manquer de fuel à un moment donné si le vent ne devenait pas plus favorable. Bref, j’en avais marre et mon « gut feeling » de marin, que j’ai découvert en fait pas trop mauvais, me lançait pleins de signaux d’alarme.
Bernard m’a admis que j’avais fort raison (crisse, il aurait pu le dire plus tôt) et à partir de ce moment, c’est ce que nous avons fait. Cap au 040 degrés!
Au cours de la 3e journée, nous avons eu un peu de vent et dans un angle qui nous permettait un cap pas trop éloigné de notre route visée, et nous avons un peu rattrapé de temps. Par contre, il était clair que nous ne nous rendions pas à La Coruña en moins de 4 jours. Nous en étions à nous demander si on s’arrêtait dans un port avant - car la nourriture n’était plus abondante à ce point-là - quand nous avons vidé le réservoir d’eau potable principal pour réaliser que la valve qui permettait de changer pour les 2 autres réservoirs était bloquée, et nous nous sommes du coup ramassés sans eau dans le bateau. Évidemment, l’eau du réservoir n’est pas pour boire, nous avions assez de bouteilles pour ça. Mais c’était l’eau courante pour laver la vaisselle, se laver, etc. Ce facteur, en plus de m’enrager car c’était une chose de plus qui flanchait, scella la décision de mettre le cap sur une ville au sud du Cap Finisterre afin d’y faire une halte.
Une autre chose qui marqua ce voyage, mon titre l’illustre, fut de se retrouver en plein milieu d’un rail de navigation où passent les plus gros cargos du monde, étant donné que nous avions viré au large de la zone côtière de navigation. Des cargos immenses en direction de la Manche ou de Vigo, un des plus grands ports d’Europe de l’ouest. Le jour nous les voyions bien venir, malgré que certains ne se gênent pas et te klaxonnent si tu es un tant soit peu sur leur route. Mais la nuit c’était un peu l’enfer. Essayer de décoder les lumières des cargos venant et des cargos allant, en tentant de déchiffrer leur route et leur vitesse afin d’évaluer si nous étions dans leur passage, constituait le défi principal de la navigation nocturne.

Malgré ces frustrations, je dois dire que de très beaux moments furent passés en compagnie des centaines de dauphins qui nous rendîmes visite durant ces trois jours et qui ont véritablement fait ma joie.
Ce sont des êtres magnifiques à tout moment, mais quand ils viennent jouer dans l’étrave de ton bateau pendant 20-30 minutes à plusieurs reprises, en te régalant de cabrioles et de sauts spectaculaires, surtout quand ils se synchronisent et sautent à 30 ou 40 en même temps, ils te paraissent d’un autre monde. J’ai adoré et me suis régalée.

La dernière nuit fut plutôt difficile, car nous sommes soudainement passés de peu de vent à beaucoup de vent, et la mer s’est levée soudainement. J’ai pris le quart de 21h à minuit, qui fut assez facile et excitant car c’est durant ce quart que nous avons recommencé à voir les côtes après 60 heures! Et une quinzaine de dauphins se sont joints à moi et au bateau vers 21h10, juste quand le soleil disparaissait, et sont restés presque une heure à m’accompagner dans mon quart!!! Incroyable!

Je suis allée me coucher à minuit en donnant la barre à Bernard, mais ai été réveillée subséquemment à plusieurs reprises par la mise en marche du moteur puis l’arrêt, ce qui signifie habituellement que le vent tournaille et que la personne à la barre perd le contrôle du bateau à répétition. Puis vers 03h00, je suis réveillée par une altercation entre Robin et Bernard dans le cockpit (ma cabine était juste en dessous). J’ai à peine dormi 2 heures et fut réveillée plusieurs fois entre temps. Je réalise que je suis collée contre la paroi de ma couchette et que le vent siffle beaucoup plus fort que quand je me suis couchée. Après une heure passée à essayer de me rendormir, je monte au cockpit pour trouver les gars en pleine tempête de vent, le bateau gîte furieusement, et la mer est devenue grosse d’un coup. Personne ne dormira plus cette nuit-là. Je prends mon courage à deux mains et fait du café pour les gars (je suis devenue top à faire à manger en dessous même en cas de gîte forte, le mal de mer du premier jour ayant disparu après cette première et seule occasion malheureuse), je m’habille et monte sur le pont pour aider Bernard à prendre un ris dans la voile (réduire la voilure afin d’avoir moins de prise sur le vent) – opération facile quand tout est calme, mais plutôt délicate à 04h30 du matin en pleine mer déchaînée. Mais au moins nous sommes sur notre bon cap, en direction de Vilagarcia de Arosa, même si on n’avance pas trop vite…
Je prends mon prochain quart à 06h00 le matin, en pleine tempête de vent. Nous approchons des côtes et on navigue à vue avec les quelques phares qui sont perceptibles, réalisant tout de même que le vent et la très grosse houle contre nous ne nous aident pas…. Sur les coups de 08h00, alors que des lueurs rouges se pointent à l’est, des dauphins arrivent et m’accompagnent, me réconfortant. Ils auront navigué avec moi au coucher du soleil et m’auront lancée dans la nuit, et ils m’auront récupérée au petit matin alors que j’étais fourbue de tenir la barre comme si ma vie en dépendait et très très écoeurée… braves petites bêtes!
Nous rentrerons finalement dans le Ria de Arosa, une des fameuses rias de Galice, vers 9h00, pour accoster à Vilagarcia, 15 miles en amont du Ria, 3 heures plus tard. Nous sommes épuisés par cette traversée, et dormirons une partie de l’après-midi.

Après cette traversée, j’ai pas mal décidé que je ne ferais pas le Golf de Gascogne. Mais Bernard se fait insistant au souper, et on regarde la météo qui s’annonce fort belle pour un départ 2 jours plus tard. Je flanche et j’accepte de le faire avec eux sachant à quel point cette navigation de 5 jours en pleine mer sera dure s’ils ne sont que deux. Je décide de le faire également par loyauté pour Bernard, qui malgré tout a veillé sur nous et se trouve dans une situation difficile de devoir ramener son bateau à Dunkerque pour le rénover, dans des conditions loin d’être idéales. Et Robin s’est tenu relativement tranquille dans les 3-4 derniers jours et a été un peu moins désagréable. Nous avons décidé de ne pas aller à La Coruña et de foncer tout droit sur la pointe bretonne. Nous en avons pour 500 milles, ouf! À une vitesse à peine plus grande que celui d’un pas de course, c’est long…
Hors, tout basculera le soir du 26 alors que nous sommes à la veille du départ et nous nous préparons à aller faire l’avitaillement pour la longue traversée. Nous montons du ponton à la rue et Bernard empoigne un « caddy », panier d’épicerie mis à la disposition des plaisanciers qui n’ont pas de voiture dans de nombreux ports d’Europe. Robin pique une petite crise et refuse de pousser le caddy dans la rue car ça a l’air fou… Bernard se fâche et le traite de gamin, ou je ne sais pas quoi. Robin hurle, se fige sur place, envoi Bernard paître et finalement me lâche de ne pas faire de courses pour lui, qu’il retourne faire son sac et se barre. Bernard, tout aussi enfant, se retourne vers moi, hausse les épaules et me dit : allez viens, on va faire les courses. Soupir… Les émotions se bousculent en moi, je suis écoeurée de ces débordements de caractère, et cela ramène à grands pas toutes mes résistances à continuer. Je n’ai aucun doute que Robin s’en va vraiment, il est beaucoup trop « fier-pète » le monsieur, et a la capacité émotive de règlement de conflit d’un enfant de 3 ans. Bref, tout d’un coup la continuation à deux est inenvisageable, et la fatigue et la lassitude ont raison de moi. Je m’arrête, prends mon courage à deux mains, et déclare à Bernard que ça y est, j’en ai marre, je ne peux pas envisager de faire la traversée à deux; c’est physiquement et émotivement trop demandant. Je décide de m’écouter et de me choisir, mais ce sera une décision extrêmement difficile à porter face à Bernard, sachant pertinemment que je l’abandonne d’un coup et que je lui laisse que peu de choix… Je passerai la soirée à défendre cette décision et à prendre la responsabilité de mon geste face à lui. Il passera par toutes les émotions, le déni, la déclaration que je l’abandonne au pire moment, la croyance que je blague, les menaces à peine voilées de partir avec le bateau dans la nuit avec moi qui dors, l’affirmation qu’il continuera et fera les 500 milles tout seul et coulera avec le bateau s’il le faut, déclare qu’il ne le dira pas à sa compagne avec qui il parle journalièrement et s’en ira en mer sans lui raconter qu’il y va en solitaire, etc. J’ai beaucoup de compassion car entreprendre un tel périple (il est parti il y a plus de 2 mois de Rome avec le bateau) demande un investissement énorme, et il espérait s’être entouré d’une équipe qui allait l’aider à bien mener à terme son projet. Mais ceci n’est plus des vacances pour moi – c’est devenu une corvée, un périple qui ressemble à un chemin de croix malgré tous les beaux moments. Je me sens déchirée entre la loyauté, le désir de mener à terme ce que j’ai commencé, mais aussi la nécessité de « sauver ma peau » en quelque sorte en me sortant d’une situation qui a soudainement perdu tout son lustre. Je suis honnête avec Bernard, je lui dis à quel point son attitude de laisser-faire et de tolérance avec Robin aura finalement miné cette équipée, et ma lassitude par rapport à l’état du bateau et les innombrables brisures et réparations, ainsi que ma grande fatigue physique. Il me redira à quel point il aurait voulu que je continue avec lui. Cette soirée-là sera extrêmement difficile, me mettra face à moi-même et pourquoi j’ai entrepris ceci, me révèlera toute la signification de ce que c’est d’encaisser l’impact que tes décisions peuvent avoir sur les autres et à quel point c’est parfois difficile d’assumer… mais comment quand tu le fais comme il faut, l’expérience humaine en est tellement plus riche.
Donc ici se termine mon histoire sur Sunrise. Le lendemain matin, Bernard s’est calmé, et je l’aide à répondre à des petites annonces d’offres d’équipiers postés dans les forums dont nous faisons tous les deux partie. Il décide de longer les côtes, et de tenter d’obtenir l’aide de quelqu’un d’autre pour l’aider à finir la route. Moi je ne dormirai pas bien pendant 2 nuits, mais ma décision est prise. Je contacte le skipper qui m’attendais en Turquie et lui annonce mon arrivée pour le 30 septembre. Nous nous serons quittés en très bons termes ce matin, moi l’ayant aidé à préparer son périple, à arranger le bateau, lui m’ayant gardé à bord pour 2 nuits supplémentaires, et m’ayant reconduit au train pour Vigo ce matin. J’aurai vécu l’Atlantique et ses beautés, mais aussi ses vacheries, et j’aurai surtout vécu des expériences humaines, belles et mauvaises, que je ne soupçonnais pas en partant il y a un mois. Voilà pour cette fenêtre dans mon âme!

Les photos sont sur Facebook à l'adresse suivante: http://www.facebook.com/album.php?aid=107174&id=705632214&l=9f56c26c33

Et si jamais vous avez envie de voir la carte, voir à la toute fin de cette page.

dimanche 20 septembre 2009

La nuit, la mer

J’écris cette chronique assise à l’ombre d’un olivier dans le jardin du Castelo de São Jorge à Lisbonne, ayant comme musique de fond un guitariste de fado.
Mais Lisbonne fera l’objet d’une autre entrée…
Nous avons quitté Lagos vers 15h00 vendredi, avec encore une fois une tentative infructueuse pour réparer la toilette. On fait pipi par-dessus les lignes de vie du bateau sur le pont (je laisse à ceux qui ont déjà fait de la voile le soin de s’imaginer avec amusement comment on fait ça quand on est une fille) ou dans notre lavabo depuis une semaine… ça se passe de commentaires.
Il faisait un temps magnifique, et les premières heures de cette navigation ont été idylliques. Soleil, un vent juste parfait, 15 nœuds dans la bonne direction, assez pour nous faire filer très rapidement vers le Cabo de São Vicente avant la nuit noire. Lagos est entourée de hautes falaises ocre percées de grottes, ce qui donne une paysage assez joli merci.
Les bateaux s’y donnent à cœur joie, en mouillant dans les petites criques créées par les rochers et les grottes, et l’endroit est la destination de nombreuses entreprises touristiques qui offrent des excursions depuis Lagos. Nous filons rapidement, le bateau va bien, et malgré le vent d’ouest frais, il fait beau. L’approche de la Punta de Sagres et du Cabo de São Vicente est spectaculaire. De vertigineuses falaises qui descendent presque à 180 degrés vers la mer, des phares au-dessus, des petites baies très protégées entre les deux – un paysage grandiose et sauvage. C’est la pointe sud-ouest de l’Europe, l’avancée de ce grand continent dans l’Atlantique! C’est en quelque sorte émouvant de passer ici dans un bateau de 47 pieds… On le sent bien, c’est un cap qui a la réputation de ne pas faire de cadeaux aux navigateurs car il est affleuré de forts courants et de vents confluents, mais nous avons la chance avec nous. Une belle mer, un soleil couchant, un vent modéré, le tournant se fera assez facilement malgré le vent qui vire au nord et qui nous force à passer le cap au moteur. Comble de chance, à environ ½ mile passé le Cabo, des dauphins se mettent à sauter à 5 mètres du bateau, et viennent jouer dans notre étrave pendant quelques trop brèves minutes. Magnifique!
Nous sommes aux anges, ça fait passer un peu mieux la dernière traversée, et comme de toute façon on sait qu’on en aura d’autres moins bonne, on savoure celle-ci.
La nuit tombe et je prends mon quart à 21h00, pour 3 heures. Les gars vont se coucher, je suis seule face au crépuscule, qui disparaît rapidement derrière l’horizon, et la nuit qui tombe comme un rideau noir en quelques minutes. Les étoiles sortent, mais c’est la nouvelle lune. Le vent ramollit, il vient du nord, on commence à tirer des bords car on l’a dans le nez. Mais la mer est légère, les creux de vagues sont longs et nous les prenons de face donc ça se passe bien. C’est long 3 heures quand même… ça vide la tête. Tu es en plein Atlantique, y’a rien rien à gauche, devant ou derrière – tu tiens la barre dans tes mains, tu gardes ton cap, tu regardes le ciel, les nuages, la mer… c’est tout.
À minuit je vais me coucher, car mon prochain quart est à 06h00. Je dors mal la nuit, je dors mieux le jour. Il parait que c’est normal en mer.

Un petit aparté sur les quarts pour ceux que ça intéresse. Après 4 traversées, nous commençons à installer une routine. Les journées sont divisées en 8 quarts de 3 heures, sur un cycle complet de 3 jours. Nous conservons les quarts même au port pour pouvoir suivre mieux. Quand on est de quart en mer, nous sommes essentiellement responsable du bateau, et nous sommes à la barre. La nuit, ou le jour en grosse mer, nous portons un harnais avec une veste autogonflante intégrée
et qui est attaché avec une sangle et mousqueton au bateau. On met notre réveil environ 20 minutes avant notre quart, on se lève, fait pipi, on s’habille en conséquence pour l’heure qu’il est. Ensuite on fait le point sur la carte pour confirmer ou modifier le cap suivi par le précédent barreur. On apporte ce dont on a besoin avec nous dans le cockpit, donc on s’apporte de l’eau, des trucs à grignoter; moi je mange habituellement une pomme et des biscuits ainsi qu’un thermos de thé chai avec du gingembre que je prépare juste avant quand ça ne brasse pas trop en bas.
On est à la barre pendant 3 heures, mais parfois on met le pilote automatique (quand il fonctionne) ou simplement une barrure dans la roue pour se donner un petit break. Pendant la nuit et le matin nous sommes seuls. Nous nous retrouvons les 3 réveillés et dans le cockpit habituellement entre 12h00 et 16h00 et vers 19h00-21h00 pour souper.

À mon réveil à 6h00, le temps a changé. Les étoiles sont cachées par d’horribles nuages très noirs, et le vent est tombé. Nous sommes au moteur depuis quelques heures, et le resteront pendant les 10 prochaines heures. Là il fait froid, et surtout humide. Même dans le bateau, tout est humide en mer. Le linge ne sèche pas, tu dois mettre des couches de vêtements. Il fait beau et chaud à terre le jour, mais la nuit il fait 12-15 degrés avec un vent froid, donc on s’habille. Ce quart-là sera un peu plus difficile compte tenu du froid, de la fatigue due au mauvais sommeil et du temps incertain. Pour me donner du courage, je mets mon iPod sur mes oreilles et me joue du vieux rock des années 70-80, en pensant à Emmanuelle qui m’a refilé plusieurs de ces morceaux 
Je remettrai finalement les voiles vers 8h00, mais le vent reste faible jusqu’en après-midi. On ne se plaint pas trop, car le contraire est pire! La journée se passera doucement, il fait encore beau, et nous avons à nouveau la visite de globicéphales. Plus tard en après-midi, quand tout le monde est levé et sur le pont, nous laissons traîner une ligne derrière le bateau et Robin pêche une bonite, super jolie bonite pour notre souper, yé!!
C’est la fête.
L’arrivée à Oeiras, petite station balnéaire à 20 minutes de Lisbonne, se fera par beau temps vers 18h30.
Elle sera malheureusement assombrie par une prise de bec entre moi et Robin au sujet de la navigation. Cela faisait quelques jours que ça s’annonçait, on se tombe mutuellement sur les nerfs. Moi je ne suis plus capables de l’entendre chialer sur tout… tout est de la merde, les hommes sont tous des enfoirés, les femmes y passent aussi. Je le trouve suffisant et désagréable plus souvent qu’autrement, et il argumente sans arrêt, sans compter le dilettantisme dont il fait preuve face à certaines choses de sécurité dans le bateau. Depuis 3 jours, je commençais à mettre en doute de continuer au-delà de La Coruna avec eux pour passer le Golf de Gascogne, mais cette engueulade me fait penser que je vais peut-être terminer cette aventure à ce moment-là. Une nuit de sommeil et un peu de recul me donneront la sagesse de réserver ma décision pour dans quelques jours, en laissant les choses suivrent leur cours.
Voir toutes les photos! http://www.facebook.com/album.php?aid=107174&id=705632214&l=9f56c26c33

jeudi 17 septembre 2009

Bonne dose de réalité

Le départ de Cadiz s’est fait plus tard que prévu mardi, Bernard a passé la matinée à essayer de réparer la seule toilette qui fonctionnait encore à date à bord… sans succès. Nous avons finalement pris la mer vers 13h30, après avoir pris ce qui sera notre dernier repas en 36 heures.
Dès le départ de Cadiz, les vents nous viennent de la mauvaise direction, c’est-à-dire en voile à l’intérieur de 40 degrés de là où on veut aller. Nous avions pris la météo et prévu le coup dans notre planification de navigation, donc déjà nous louvoyons (i.e. « tirer des bords », aller en zigzaguant en direction du vent, de part et d’autre de sa provenance). Ce qui fait plus de millage car nous ne pouvons avancer en ligne droite, mais nous avançons au moins. Et vite! Déjà au départ, on fait plus de 6 nœuds, malgré la houle qui monte haut et vite. 3 heures plus tard, nous rencontrons 25 nœuds de vent, et des vagues de 4-5 mètres.

Ouch! Nous nous ferons brasser comme ça pendant 31 heures. Comme nous sommes au près, c’est-à-dire que le vent nous vient d’entre 30 et 40 degrés dans le quart avant du bateau, nous gîtons beaucoup, ça brasse en masse, on tape dans la vague. C’est difficile de descendre en bas dans la cabine, ça penche de 45 degrés, et on se fait projeter de part et d’autres. J’ai des bleux énormes partout!!! Il est hors de question de faire à manger, c’est tout juste si on attrape des biscuits secs dans le garde-manger de temps en temps. La vague se fracasse aussi sur le bateau, donc forcément nous sommes trempés.
Ça va toujours jusqu’au coucher du soleil, mais une fois la noirceur tombée, c’est moins drôle. Nous avançons toujours aussi vite par contre, le bateau est déchaîné. Il tient très très bien la mer, ça je dois dire. Je n’ai pas peur en aucun moment. Par contre, quand je prends mon quart de 21h00 à minuit, je la trouve moins drôle. Nous sommes en plein Atlantique – à 30 milles des côtes. Nous n’avons pas vu une lumière de côte, de phare ou d’autre bateau pendant 24 heures. Tu dois t’accrocher à la barre pendant 3 heures, tes jambes se crampent, tu ne peux pas aller faire pipi, tu peux à peine attraper la bouteille d’eau qui se promène dans le cockpit pour boire un coup d’eau (mais pas trop car il ne faut pas avoir envie). Quand y’a une vague de 12-15 pieds qui t’arrive du côté, que tu n’as pas vue venir car il fait noir et il n’y a pas de lune, et qu’elle s’écrase contre le bateau en t’arrosant copieusement, tu te demandes ce que tu es venu foutre ici…

À minuit, Bernard prend son quart, et je descends me coucher dans ma cabine. Oublie ça dormir! Je suis gîtée à 45 degrés donc écrasée contre le mur, le bateau tape les vagues en craquant à chaque fois – quand tu redescend d’une vague de 4 mètres, ce qui fait un étage et demi pour ceux qui ont besoin d’une conversion, t’as vraiment l’impression de tomber dans le vide - il fait froid et humide, et le bruit est assez intense. Sans parler du sentiment de profonde insécurité qui te dit que peut-être que tu ne devrais pas être là…
Vers 02h00, n’ayant pas fermé l’œil, je sens le vent forcir et je monte sur le pont pour voir si Bernard est OK. Il est accroché à la barre. Je fais un point de navigation sur la carte, ce que nous essayons de faire aux heures, et je vois que le vent et le courant nous ont déviés. On appelle Robin qui dort pour venir faire un virement de bord et repartir dans l’autre direction pour 3-4 heures, histoire de nous remettre sur notre route. Et hop au large!!! Je retourne me coucher car j’ai un quart à prendre à 06h00, mais peine perdue - je ne dormirai pas. À 6h00 je monte, je prend la barre. Il fait toujours nuit noire car nous sommes à la limite ouest du fuseau horaire, le soleil ne se lèvera pas avant 8h15. Le vent n’a pas baissé, la mer est toujours grosse. Mais tout est OK, le bateau tient le coup, y’a juste les humains dedans qui sont un peu secoués et fatigués!
Le jour se lève, et la mer ne redescendra que vers midi. Nous sommes tous fourbus, moi je réussis à dormir 2-3 heures quand mon quart finit à 9h00. Nous n’avons pas mangé, et en matinée l’électronique du bord lâche. Tout : pilote automatique, lecteur de vent, lecteur de vitesse, Navtex (système de communication qui envoi les messages et la météo), radio VHF. L’alternateur ne charge plus les batteries, merde! Je découvre que la VHF d’urgence, qui marche à batterie, n’est pas chargée… je rage. Moi qui aime bien les choses en ordre, voilà que j’ai un skipper un peu brouillon, et certaines choses qui auraient dues être vérifiés ne l’ont pas été. Heureusement, le vent s’est un calmé, la mer aussi, il fait jour et ensoleillé et nous sommes en vues des côtes portugaises. Nous arriverons finalement à Lagos, notre point de destination, vers 19h00 le lendemain soir. Sans heurts, juste de la fatigue extrême et quelques sueurs froides.
Suite à cette traversée, ma bulle pète un peu. Je me sens loin, seule; j’ai un coup de cafard. Que diable suis-je venue faire ici? Je suis grognon, je suis en colère un peu contre ce bateau où tout pète, une chose après l’autre. Y’a un gros nuage noir qui me suit ce soir…
Nous sommes sortis souper à Lagos, qui est une jolie ville hyper touristiques bourrées de vieux British à la retraite plein de cash qui ont des immenses bateaux à voile avec lesquels vraisemblablement ils ne font que des ronds dans l’eau. Nous sommes tellement fatigués qu’on s’adresse avec peine la parole à table… nous allons faire un gros dodo de bonne heure, demain il fera beau, nous serons reposés et la vie sera à nouveau rose!

P.S. Si vous avez le goût de m’écrire, ça serait gentil… j’aimerais avoir de vos nouvelles. Ça se pourrait que je ne puisse pas répondre personnellement, les wifi aux marinas sont plutôt incertains. Mais je les lirai avec plaisir!

lundi 14 septembre 2009

Baptême de la mer

Jeudi le 10 septembre, nous avons accueilli à notre bord notre nouveau compagnon de route, Robin, qui arrivait au train à 23h. Grand, mince, ancien aviateur qui n’a pas pu faire carrière en aviation commerciale, un peu crâneur, très français, adore se moquer de tout le monde et se prend pas mal au sérieux… Je sens que je vais être le souffre-douleur…
Après une petite visite rapide du bateau, quelques explications, une petite bouteille de champagne à 3 pour arroser le départ qui s’annonce, tout le monde va se coucher car vendredi sera, on l’espère, une grosse journée!

Vendredi 11 septembre
Ça y est, ça sent le départ. Le mécanicien se pointe finalement vers 9h00, met du gaz dans le frigo, tripote le groupe électrogène pour finalement décréter qu’il ne peux pas poser la pièce qui a pris 3 jours à venir, pose un support métallique pour le pilote automatique qui était cassé, ajuste le réglage du thermomètre du frigo, et demande 400 euros à Bernard pour ses aller-retour! Comme dit Robin, « ils sont gonflés les espagnols! ».
Bref on part sans groupe électrogène qui sert à nous alimenter en 220V à bord, mais au moins on a un frigo. Petit tour au quai d’essence, lunch rapide, et hop, on
démarre à 14h10! À peine sortis de la marina, on se prend de la houle de 2 mètres et du vent de 30-35 nœuds (miles nautiques à l’heure, presque le double en km/h), qui pour quelqu’une habituée au Lac des Deux Montagnes est quand même impressionnant, et ça brasse en masse! Rapidement ça forcit de quelques nœuds avec des rafales à 85 km/h et les creux de vagues deviennent plus grands, jusqu’à 3.5 mètres. On en aura pour 5 heures là-dedans, par vent presque arrière, à surfer les vagues et se faire trimbaler d’un bord à l’autre. C’est excitant car le bateau tient super bien la mer, mais ça brasse un peu trop pour mes petites trippes qui ne sont pas amarinées… je vous laisse deviner la suite. Mais bon, ça fait partie du voyage, je me doutais bien que ça allait arriver, mais peut-être pas les premières heures!

Donc pour les 5-6 premières heures, j’évite d’aller en bas dans le bateau. On se divise en quarts de 3 heures chacun, et mon premier arrive à 19h00 le 1er soir. J’adore barrer le bateau, j’apprends tout de suite à bien surfer les grosses vagues (et à ne pas trop les regarder venir, ça fait moins peur), et je m’amuse comme une folle même si je saute le souper pour laisser mon estomac s’habituer. Au coucher du soleil, 2 petites baleines globicéphales noirs viennent s’amuser tout près du bateau, très mignon!

Samedi 12 septembre
Cette première traversée se termine le lendemain vers 12h30 avec l’arrivée à Estepona après une navigation de plus de 22 heures. On passe l’après-midi à faire des bricoles sur le bateau, et on se prépare à passer une partie de la nuit au quai pour un départ vers le Détroit de Gibraltar à 03h00 du matin. Nous sommes en train de souper dans le bateau lorsque tout d’un coup des petits cérpitements se font entendre partout sous la coque. Les bruits, très inhabituels, s’en vont en s’amplifiant, et on se précipite à lever les panneaux des cales pour voir si de l’eau rentre (non), ensuite on défait les panneaux électriques et débranche les batteries au cas où ce serait électrique, c’est pas ça non plus…. On commence un peu à paniquer car ça se fait entendre de partout et c’est très fort, des milliers de petits crépitements ou bruits, comme si des petites bulles d’air pétaient. On pense alors à la structure de la coque, et si la coque se fendillait? Oh la, la panique, on fait venir le gars de la marina à 21h00 le soir pour savoir si c’est possible de sortir le bateau, etc. Entretemps je suis sur Skype avec Yves, qui regarde les forums sur le web et trouve une explication pour le moins inusitée sur le blog d’une navigatrice… ce sont en fait des mini crustacés qui s’attachent au bateau, et qui font le bruit avec leuir pince ou en se faisant bouffer par des petits poissons! On les appelle les « snapping shrimps »!!! Y’a même un video sur YouTube à propos de ceci. De son côté, le gars de la marina en vient aussi à la conclusion que c’est fait par les poissons. Eh ben dis donc, nous en avons eu pour une bonne frousse!
On se remet donc au souper, puis on va faire dodo car le départ se fera dans la nuit.

Dimanche 13 septembre
Cette journée est le moment le plus marquant à date. Bernard me réveille à 6h30 car mon quart ce matin-là commence à 7h00, les gars ont quitté la marina pendant la nuit. Nous sommes alors au pied du Rocher de Gibraltar, à 500 mètres du bord. WOW!!!! Les lueurs du jour pointent à l’horizon mais il fait encore nuit, des dizaines de cargos sont ancrés partout autour, nous zigzaguons entre eux pour passer la pointe. Y’a plein de touts petits bateaux de pêcheurs partout aussi qui sillonnent l’entrée du Détroit. Je prends la barre à 7h00 comme prévu, et une fois les gros cargos un peu éloignés, les gars vont se coucher et je reste toute seule à la barre – et je ressens alors un moment exhilarant très intense. Le soleil se lève à l’horizon en une grosse boule rouge, je suis à la barre d’un gros voilier qui pénètre dans le Détroit de Gibraltar, je suis entourée de toutes parts de navires de tailles que je n’ai jamais vues, je laisse le Rocher, qui est très impressionnant, derrière moi, et je vois très bien les magnifiques côtes marocaines à ma gauche. Ce sont les moments pour lequel je fais tout ceci!
La navigation à partir de là se fait plus facilement, le jour se levant, et le Détroit s’élargit rapidement. Nous atteignons en quelques heures Tarifa, la pointe la plus au Sud de l’Espagne, et ensuite plus tard en milieu de journée le Cabo Trafalgar. Maintenant officiellement en Atlantique!!!
Mais malgré cela, le temps est ensoleillé mais le vent est au beau plat… Nous ferons du moteur jusqu’à vers 17h00, où finalement on commence à avoir assez de vent pour rentrer à Cadiz à voile 3 heures plus tard, une autre traversée de 16 heures sous la ceinture.

Pour l'instant j'ai de la misère à mettre les photos ici donc allez à
http://www.facebook.com/album.php?aid=107174&id=705632214&l=9f56c26c33

Baptême de la mer

Jeudi le 10 septembre, nous avons accueilli à notre bord notre nouveau compagnon de route, Robin, qui arrivait au train à 23h. Grand, mince, ancien aviateur qui n’a pas pu faire carrière en aviation commerciale, un peu crâneur, très français, adore se moquer de tout le monde et se prend pas mal au sérieux… Je sens que je vais être le souffre-douleur…

Après une petite visite rapide du bateau, quelques explications, une petite bouteille de champagne à 3 pour arroser le départ qui s’annonce, tout le monde va se coucher car vendredi sera, on l’espère, une grosse journée!

Vendredi 11 septembre

Ça y est, ça sent le départ. Le mécanicien se pointe finalement vers 9h00, met du gaz dans le frigo, tripote le groupe électrogène pour finalement décréter qu’il ne peux pas poser la pièce qui a pris 3 jours à venir, pose un support métallique pour le pilote automatique qui était cassé, ajuste le réglage du thermomètre du frigo, et demande 400 euros à Bernard pour ses aller-retour! Comme dit Robin, « ils sont gonflés les espagnols! ».

Bref on part sans groupe électrogène qui sert à nous alimenter en 220V à bord, mais au moins on a un frigo. Petit tour au quai d’essence, lunch rapide, et hop, on

démarre à 14h10! À peine sortis de la marina, on se prend de la houle de 2 mètres et du vent de 30-35 nœuds (miles nautiques à l’heure, presque le double en km/h), qui pour quelqu’une habituée au Lac des Deux Montagnes est quand même impressionnant, et ça brasse en masse! Rapidement ça forcit de quelques nœuds avec des rafales à 85 km/h et les creux de vagues deviennent plus grands, jusqu’à 3.5 mètres. On en aura pour 5 heures là-dedans, par vent presque arrière, à surfer les vagues et se faire trimbaler d’un bord à l’autre. C’est excitant car le bateau tient super bien la mer, mais ça brasse un peu trop pour mes petites trippes qui ne sont pas amarinées… je vous laisse deviner la suite. Mais bon, ça fait partie du voyage, je me doutais bien que ça allait arriver, mais peut-être pas les premières heures! Donc pour les 5-6 premières heures, j’évite d’aller en bas dans le bateau. On se divise en quarts de 3 heures chacun, et mon premier arrive à 19h00 le 1er soir. J’adore barrer le bateau, j’apprends tout de suite à bien surfer les grosses vagues (et à ne pas trop les regarder venir, ça fait moins peur), et je m’amuse comme une folle même si je saute le souper pour laisser mon estomac s’habituer. Au coucher du soleil, 2 petites baleines globicéphales noirs viennent s’amuser tout près du bateau, très mignon!

Samedi 12 septembre

Cette première traversée se termine le lendemain vers 12h30 avec l’arrivée à Estepona après une navigation de plus de 22 heures. On passe l’après-midi à faire des bricoles sur le bateau, et on se prépare à passer une partie de la nuit au quai pour un départ vers le Détroit de Gibraltar à 03h00 du matin. Nous sommes en train de souper dans le bateau lorsque tout d’un coup des petits cérpitements se font entendre partout sous la coque. Les bruits, très inhabituels, s’en vont en s’amplifiant, et on se précipite à lever les panneaux des cales pour voir si de l’eau rentre (non), ensuite on défait les panneaux électriques et débranche les batteries au cas où ce serait électrique, c’est pas ça non plus…. On commence un peu à paniquer car ça se fait entendre de partout et c’est très fort, des milliers de petits crépitements ou bruits, comme si des petites bulles d’air pétaient. On pense alors à la structure de la coque, et si la coque se fendillait? Oh la, la panique, on fait venir le gars de la marina à 21h00 le soir pour savoir si c’est possible de sortir le bateau, etc. Entretemps je suis sur Skype avec Yves, qui regarde les forums sur le web et trouve une explication pour le moins inusitée sur le blog d’une navigatrice… ce sont en fait des mini crustacés qui s’attachent au bateau, et qui font le bruit avec leuir pince ou en se faisant bouffer par des petits poissons! On les appelle les « snapping shrimps »!!! Y’a même un video sur YouTube à propos de ceci. De son côté, le gars de la marina en vient aussi à la conclusion que c’est fait par les poissons. Eh ben dis donc, nous en avons eu pour une bonne frousse!

On se remet donc au souper, puis on va faire dodo car le départ se fera dans la nuit.

Dimanche 13 septembre

Cette journée est le moment le plus marquant à date. Bernard me réveille à 6h30 car mon quart ce matin-là commence à 7h00, les gars ont quitté la marina pendant la nuit. Nous sommes alors au pied du Rocher de Gibraltar, à 500 mètres du bord. WOW!!!! Les lueurs du jour pointent à l’horizon mais il fait encore nuit, des dizaines de cargos sont ancrés partout autour, nous zigzaguons entre eux pour passer la pointe. Y’a plein de touts petits bateaux de pêcheurs partout aussi qui sillonnent l’entrée du Détroit. Je prends la barre à 7h00 comme prévu, et une fois les gros cargos un peu éloignés, les gars vont se coucher et je reste toute seule à la barre – et je ressens alors un moment exhilarant très intense. Le soleil se lève à l’horizon en une grosse boule rouge, je suis à la barre d’un gros voilier qui pénètre dans le Détroit de Gibraltar, je suis entourée de toutes parts de navires de tailles que je n’ai jamais vues, je laisse le Rocher, qui est très impressionnant, derrière moi, et je vois très bien les magnifiques côtes marocaines à ma gauche. Ce sont les moments pour lequel je fais tout ceci!

La navigation à partir de là se fait plus facilement, le jour se levant, et le Détroit s’élargit rapidement. Nous atteignons en quelques heures Tarifa, la pointe la plus au Sud de l’Espagne, et ensuite plus tard en milieu de journée le Cabo Trafalgar. Maintenant officiellement en Atlantique!!!

Mais malgré cela, le temps est ensoleillé mais le vent est au beau plat… Nous ferons du moteur jusqu’à vers 17h00, où finalement on commence à avoir assez de vent pour rentrer à Cadiz à voile 3 heures plus tard, une autre traversée de 16 heures sous la ceinture.

Baptême de la mer


Jeudi le 10 septembre, nous avons accueilli à notre bord notre nouveau compagnon de route, Robin, qui arrivait au train à 23h. Grand, mince, ancien aviateur qui n’a pas pu faire carrière en aviation commerciale, un peu crâneur, très français, adore se moquer de tout le monde et se prend pas mal au sérieux… Je sens que je vais être le souffre-douleur…

Après une petite visite rapide du bateau, quelques explications, une petite bouteille de champagne à 3 pour arroser le départ qui s’annonce, tout le monde va se coucher car vendredi sera, on l’espère, une grosse journée!

Vendredi 11 septembre

Ça y est, ça sent le départ. Le mécanicien se pointe finalement vers 9h00, met du gaz dans le frigo, tripote le groupe électrogène pour finalement décréter qu’il ne peux pas poser la pièce qui a pris 3 jours à venir, pose un support métallique pour le pilote automatique qui était cassé, ajuste le réglage du thermomètre du frigo, et demande 400 euros à Bernard pour ses aller-retour! Comme dit Robin, « ils sont gonflés les espagnols! ».

Bref on part sans groupe électrogène qui sert à nous alimenter en 220V à bord, mais au moins on a un frigo. Petit tour au quai d’essence, lunch rapide, et hop, on

démarre à 14h10! À peine sortis de la marina, on se prend de la houle de 2 mètres et du vent de 30-35 nœuds (miles nautiques à l’heure, presque le double en km/h), qui pour quelqu’une habituée au Lac des Deux Montagnes est quand même impressionnant, et ça brasse en masse! Rapidement ça forcit de quelques nœuds avec des rafales à 85 km/h et les creux de vagues deviennent plus grands, jusqu’à 3.5 mètres. On en aura pour 5 heures là-dedans, par vent presque arrière, à surfer les vagues et se faire trimbaler d’un bord à l’autre. C’est excitant car le bateau tient super bien la mer, mais ça brasse un peu trop pour mes petites trippes qui ne sont pas amarinées… je vous laisse deviner la suite. Mais bon, ça fait partie du voyage, je me doutais bien que ça allait arriver, mais peut-être pas les premières heures! Donc pour les 5-6 premières heures, j’évite d’aller en bas dans le bateau. On se divise en quarts de 3 heures chacun, et mon premier arrive à 19h00 le 1er soir. J’adore barrer le bateau, j’apprends tout de suite à bien surfer les grosses vagues (et à ne pas trop les regarder venir, ça fait moins peur), et je m’amuse comme une folle même si je saute le souper pour laisser mon estomac s’habituer. Au coucher du soleil, 2 petites baleines globicéphales noirs viennent s’amuser tout près du bateau, très mignon!

Samedi 12 septembre

Cette première traversée se termine le lendemain vers 12h30 avec l’arrivée à Estepona après une navigation de plus de 22 heures. On passe l’après-midi à faire des bricoles sur le bateau, et on se prépare à passer une partie de la nuit au quai pour un départ vers le Détroit de Gibraltar à 03h00 du matin. Nous sommes en train de souper dans le bateau lorsque tout d’un coup des petits cérpitements se font entendre partout sous la coque. Les bruits, très inhabituels, s’en vont en s’amplifiant, et on se précipite à lever les panneaux des cales pour voir si de l’eau rentre (non), ensuite on défait les panneaux électriques et débranche les batteries au cas où ce serait électrique, c’est pas ça non plus…. On commence un peu à paniquer car ça se fait entendre de partout et c’est très fort, des milliers de petits crépitements ou bruits, comme si des petites bulles d’air pétaient. On pense alors à la structure de la coque, et si la coque se fendillait? Oh la, la panique, on fait venir le gars de la marina à 21h00 le soir pour savoir si c’est possible de sortir le bateau, etc. Entretemps je suis sur Skype avec Yves, qui regarde les forums sur le web et trouve une explication pour le moins inusitée sur le blog d’une navigatrice… ce sont en fait des mini crustacés qui s’attachent au bateau, et qui font le bruit avec leuir pince ou en se faisant bouffer par des petits poissons! On les appelle les « snapping shrimps »!!! Y’a même un video sur YouTube à propos de ceci. De son côté, le gars de la marina en vient aussi à la conclusion que c’est fait par les poissons. Eh ben dis donc, nous en avons eu pour une bonne frousse!

On se remet donc au souper, puis on va faire dodo car le départ se fera dans la nuit.

Dimanche 13 septembre

Cette journée est le moment le plus marquant à date. Bernard me réveille à 6h30 car mon quart ce matin-là commence à 7h00, les gars ont quitté la marina pendant la nuit. Nous sommes alors au pied du Rocher de Gibraltar, à 500 mètres du bord. WOW!!!! Les lueurs du jour pointent à l’horizon mais il fait encore nuit, des dizaines de cargos sont ancrés partout autour, nous zigzaguons entre eux pour passer la pointe. Y’a plein de touts petits bateaux de pêcheurs partout aussi qui sillonnent l’entrée du Détroit. Je prends la barre à 7h00 comme prévu, et une fois les gros cargos un peu éloignés, les gars vont se coucher et je reste toute seule à la barre – et je ressens alors un moment exhilarant très intense. Le soleil se lève à l’horizon en une grosse boule rouge, je suis à la barre d’un gros voilier qui pénètre dans le Détroit de Gibraltar, je suis entourée de toutes parts de navires de tailles que je n’ai jamais vues, je laisse le Rocher, qui est très impressionnant, derrière moi, et je vois très bien les magnifiques côtes marocaines à ma gauche. Ce sont les moments pour lequel je fais tout ceci!

La navigation à partir de là se fait plus facilement, le jour se levant, et le Détroit s’élargit rapidement. Nous atteignons en quelques heures Tarifa, la pointe la plus au Sud de l’Espagne, et ensuite plus tard en milieu de journée le Cabo Trafalgar. Maintenant officiellement en Atlantique!!!

Mais malgré cela, le temps est ensoleillé mais le vent est au beau plat… Nous ferons du moteur jusqu’à vers 17h00, où finalement on commence à avoir assez de vent pour rentrer à Cadiz à voile 3 heures plus tard, une autre traversée de 16 heures sous la ceinture.