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Océanide sous le pont de Cornwall |
Au départ de Creg Quay s'entame une belle journée de navigation, la pluie étant chose passée mais par contre très peu de vent et direct dans le nez! Nous poussons à moteur se disant que tant qu'à ça, remontons le fleuve tant qu'on peut. Le sud du Lac St-François est truffé de hauts-fonds donc on reste dans le chenal. En arrivant vers Cornwall, le chenal passe au sud, entre les îles de la réserve d'Akwesasne, de part et d'autres de la frontière canado-américaine. (Une note sur ceci: un bateau de plaisance canadien naviguant la voie maritime n'a pas à passer aux douanes américaines à moins qu'il ne prevoit passer la nuit au mouillage ou dans une marina du côté américain, dans lequel cas il doit se rapporter au prochain poste de douane rencontré. Nous avons évité de mouiller du côté sud de la voie maritime donc, pour ne pas avoir à se plier aux formalités et inévitables délais.)
De grosses bouées délimitent la voie maritime vers la gauche alors qu'on aperçoit vers la droite une rigolote petite île avec un vieux phare abandonné sur laquelle sont juchés des cormorans. Tout de suite après Cornwall on passe sous le pont international de la voie maritime, avec une hauteur libre de 37 mètres. Une fois le pont passé devient très visible l'entrée de l'écluse Snell, la 1ère des 2 écluses américaines.
Un ponton d'attente se trouve sur le côte nord de l'écluse, et il faut aller derrière ce ponton et descendre pour appeler les éclusiers dans le cas où le feu n'est pas vert et que donc vous ne pouvez pas procéder. Nous avons été chanceux, l'écluse était ouverte et nous attendait à notre arrivée, donc nous sommes rentrés directement. Un préposé nous cri de nous avancer vers le poste 1, tout en avant de l'écluse comme nous sommes seuls; nous repérons rapidement les gros chiffres, et c'est à babord l'amarrage dans les écluses Snell et Eisenhower. La procédure est différente pour les écluses américaines.
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Bouée d'amarrage dans l'écluse Snell |
Il faut s'avancer vers le mur de béton et s'amarrer à une sorte de cabestan/bouée flottante encastrée dans le mur et numérotée. La meilleure façon de faire ceci est de ramener les amarres avant et arrière au centre du bateau, et un équipier attrape la bouée murale en lasso, pour y attacher les deux amarres tour à tour (comme des gardes en fait) en s'assurant d'ajuster la longueur pour que le bateau demeure parallèle au mur. Les amarres sont attachées mais tenues en main tout le long de l'éclusage; une amarre régulière est ok pour l'arrière mais il faut prévoir une longue amarre (1.3-1.5 fois la longueur du bateau) pour l'avant, de façon à avoir du jeu pour maintenir le bateau parallèle quand l'eau monte/descend et fat bouger le bateau. Nous cafouillons un peu pour comprendre le principe dans la 1ère écluse mais faisons ça comme des pros la 2ème fois! Notez qu'il faut des bonnes défenses pour les écluses, 5 ou 6 pour être confortable. Il en coûte 60$ pour les deux écluses, payables directement à l'éclusier et en comptant seulement. Il y a 3 miles entre Snell et Eisenhower mais les deux écluses fonctionnent en tandem donc il n'y a pas d'attente arrivé à la 2ème. Ils sont super bien rodés, nous avons trouvé ces écluses pas mal mieux organisées que les canadiennes. Bonne chose à savoir également, l'éclusier nous informe que nous pouvons passer la nuit sans problème et sans frais au quai d'attente des plaisanciers à l'entrée de Snell ou la sortie d'Eisenhower, en autant que nous soyons derrière le ponton. Attention, il y a très peu d'espace derrière le ponton d'Eisenhower et une bande de profondeur suffisante très étroite.
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Écluse Eisenhower |
Comme il est 17:40 à notre sortie d'Eisenhower, nous considérons son offre, mais optons finalement de faire une heure de moteur de plus pour aller se réfugier dans une petite baie au nord du chenal dans un groupe d'île du côté canadien. L'attrait de la tranquilité et de la baignade éventuelle est plus fort, et nous mettons donc le cap vers l'archipel d'île constituant le West Woodlands Provincial Park, au nord du chenal, du côté ontarien.
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Baignade au mouillage |
Baignade, quesadillas aux légumes, petit vin rouge, dodo. Et rebaignade le lendemain au réveil, le bonheur! Ce qui est impressionnant dans la rivière est la clarté de l'eau - on ne s'ennuie pas du Lac des Deux-Montagnes et de son eau brune! Par contre avec cette clarté les plantes aquatiques foisonnent au fond, même dans 15 pieds d'eau, ce qui crée de la confusion à notre profondimètre et rend la levée de l'ancre le matin un peu plus compliquée car des kilos de macrophytes ont été arrachés au passage et viennent à la surface accrochés à la chaîne. Une bonne gaffe et un long bras en auront raison! Nous quittons le mouillage tôt et prenons la diction des écluses Iroquois, 20 miles plus loin. Ce tronçon, appelé Lac St-Laurent, offre un paysage d'îles et de nombreux chalets en bord de lac. Il est parfois très étroit, mais possède une bonne largeur en certains endroits, et est bordé de nombreuses installations industrielles telles des aciéries et usines agroalimentaires et chimiques. L'écluse Iroquois, canadienne celle-ci, est facile d'abordage et nous permet de passer une dénivellation ridicule. 4 pouces! Il faut s'amarrer à babord en remontant, et ça fonctionne comme les écluses de Beauharnois, c.à.d. que les éclusiers te tendent des cordes d'en haut qu'il faut fixer en avant et arrière du bateau.
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L'écluse Iroquois avec ses 4 pouces de dénivellation
Une fois que la lumière verte indique qu'on peut y entrer, ça prend un gros vingt minutes en tout et pour tout. Une fois Iroquois passé, nous filons vers Prescott. Tout juste avant la ville se trouve un autre gros pont international, celui-ci présentant une hauteur libre de 40 mètres. Comme il n'est que 15:30, nos voulons pousser jusqu'à Brockville, 10 miles plus loin, mais les deux marinas n'ont pas de place, donc nous finissons la journée tôt à la marina de Prescott. Celle-ci est petite et bien tenue, mais ce qui est décevant c'est le manque de services tout près. Il y a une pharmacie et une station service sur la rue tout proche mais il faut faire 2 km pour avoir une épicerie. Tout de même, nous nous y trouvons très bien. Et sur le terrain se trouve une théâtre d'été, et nous sommes arrivés en plein pendant le festival Shakespeare! Yves passera donc une soirée fort agréable au théâtre alors que moi je reste au bateau me reposer et écrire.
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Cette journée-ci, nous aurons croisé plus de cargos que les journées précédentes, et parfois dans des chenaux exigus. De nombreux types de cargos sillonnent la voie maritime, et armé du petit guide "Tommy Trent présente l'ABC de la voie maritime" Ilien:
http://www.greatlakes-seaway.com/en/pdf/tommy_trent_abc.pdf) ainsi de l'internet et l'application "Marine Traffic" sur notre iphone, nous nous amusons à essayer de les différencier, d'identifier leur nom, provenance, et type de cargo. Il y a d'abord les fameux lacquiers (lakers), construits exclusivement pour transporter des marchandises en vrac des ports du Golfe du St-Laurent aux Grands Lacs; plus de 90% de la marchandise qui transite sur la voie maritime est en vrac dans les cales. Les lacquiers descendant le fleuve transportent surtout du blé et du maïs des provinces de l'ouest et des USA, chargés dans les ports des Grands Lacs. Les navires remontant eux reprennent à bord du minerai du Québec à destination des aciéries des Grands Lacs. Ils ont la timonerie en avant, l'étrave plate et mesurent au plus 740 pieds de façon à pouvoir entrer dans les écluses qui ont toutes 766 pieds de long. Ensuite nous avons croisé de nombreux cargos et vracquiers océaniques, souvent de même dimension que les lacquiers mais eux peuvent aller dans l'océan. La plupart ont leurs propres grues de chargement. Viennent aussi les pétroliers, les barges poussées par un gros remorqueur, et (très peu) de bateaux à passagers; ceux-ci ont tous la timonerie (poste de commande) à l'arrière.
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Aux écluses d'Iroquois - on rencontre un ami! |
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Lacquier de Canada Steamship Lines |
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Cargo océanique |
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(Petit) Bateau de croisière |
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Tanker océanique |