Mais Lisbonne fera l’objet d’une autre entrée…
Nous avons quitté Lagos vers 15h00 vendredi, avec encore une fois une tentative infructueuse pour réparer la toilette. On fait pipi par-dessus les lignes de vie du bateau sur le pont (je laisse à ceux qui ont déjà fait de la voile le soin de s’imaginer avec amusement comment on fait ça quand on est une fille) ou dans notre lavabo depuis une semaine… ça se passe de commentaires.
Il faisait un temps magnifique, et les premières heures de cette navigation ont été idylliques. Soleil, un vent juste parfait, 15 nœuds dans la bonne direction, assez pour nous faire filer très rapidement vers le Cabo de São Vicente avant la nuit noire. Lagos est entourée de hautes falaises ocre percées de grottes, ce qui donne une paysage assez joli merci.
Les bateaux s’y donnent à cœur joie, en mouillant dans les petites criques créées par les rochers et les grottes, et l’endroit est la destination de nombreuses entreprises touristiques qui offrent des excursions depuis Lagos. Nous filons rapidement, le bateau va bien, et malgré le vent d’ouest frais, il fait beau. L’approche de la Punta de Sagres et du Cabo de São Vicente est spectaculaire.


Nous sommes aux anges, ça fait passer un peu mieux la dernière traversée, et comme de toute façon on sait qu’on en aura d’autres moins bonne, on savoure celle-ci.
La nuit tombe et je prends mon quart à 21h00, pour 3 heures. Les gars vont se coucher, je suis seule face au crépuscule, qui disparaît rapidement derrière l’horizon, et la nuit qui tombe comme un rideau noir en quelques minutes. Les étoiles sortent, mais c’est la nouvelle lune. Le vent ramollit, il vient du nord, on commence à tirer des bords car on l’a dans le nez. Mais la mer est légère, les creux de vagues sont longs et nous les prenons de face donc ça se passe bien. C’est long 3 heures quand même… ça vide la tête. Tu es en plein Atlantique, y’a rien rien à gauche, devant ou derrière – tu tiens la barre dans tes mains, tu gardes ton cap, tu regardes le ciel, les nuages, la mer… c’est tout.
À minuit je vais me coucher, car mon prochain quart est à 06h00. Je dors mal la nuit, je dors mieux le jour. Il parait que c’est normal en mer.
Un petit aparté sur les quarts pour ceux que ça intéresse. Après 4 traversées, nous commençons à installer une routine. Les journées sont divisées en 8 quarts de 3 heures, sur un cycle complet de 3 jours. Nous conservons les quarts même au port pour pouvoir suivre mieux. Quand on est de quart en mer, nous sommes essentiellement responsable du bateau, et nous sommes à la barre. La nuit, ou le jour en grosse mer, nous portons un harnais avec une veste autogonflante intégrée
et qui est attaché avec une sangle et mousqueton au bateau. On met notre réveil environ 20 minutes avant notre quart, on se lève, fait pipi, on s’habille en conséquence pour l’heure qu’il est. Ensuite on fait le point sur la carte pour confirmer ou modifier le cap suivi par le précédent barreur. On apporte ce dont on a besoin avec nous dans le cockpit, donc on s’apporte de l’eau, des trucs à grignoter; moi je mange habituellement une pomme et des biscuits ainsi qu’un thermos de thé chai avec du gingembre que je prépare juste avant quand ça ne brasse pas trop en bas.
On est à la barre pendant 3 heures, mais parfois on met le pilote automatique (quand il fonctionne) ou simplement une barrure dans la roue pour se donner un petit break. Pendant la nuit et le matin nous sommes seuls. Nous nous retrouvons les 3 réveillés et dans le cockpit habituellement entre 12h00 et 16h00 et vers 19h00-21h00 pour souper.
À mon réveil à 6h00, le temps a changé. Les étoiles sont cachées par d’horribles nuages très noirs, et le vent est tombé. Nous sommes au moteur depuis quelques heures, et le resteront pendant les 10 prochaines heures. Là il fait froid, et surtout humide. Même dans le bateau, tout est humide en mer. Le linge ne sèche pas, tu dois mettre des couches de vêtements. Il fait beau et chaud à terre le jour, mais la nuit il fait 12-15 degrés avec un vent froid, donc on s’habille. Ce quart-là sera un peu plus difficile compte tenu du froid, de la fatigue due au mauvais sommeil et du temps incertain. Pour me donner du courage, je mets mon iPod sur mes oreilles et me joue du vieux rock des années 70-80, en pensant à Emmanuelle qui m’a refilé plusieurs de ces morceaux
Je remettrai finalement les voiles vers 8h00, mais le vent reste faible jusqu’en après-midi. On ne se plaint pas trop, car le contraire est pire! La journée se passera doucement, il fait encore beau, et nous avons à nouveau la visite de globicéphales. Plus tard en après-midi, quand tout le monde est levé et sur le pont, nous laissons traîner une ligne derrière le bateau et Robin pêche une bonite, super jolie bonite pour notre souper, yé!!

C’est la fête.
L’arrivée à Oeiras, petite station balnéaire à 20 minutes de Lisbonne, se fera par beau temps vers 18h30.
Elle sera malheureusement assombrie par une prise de bec entre moi et Robin au sujet de la navigation. Cela faisait quelques jours que ça s’annonçait, on se tombe mutuellement sur les nerfs. Moi je ne suis plus capables de l’entendre chialer sur tout… tout est de la merde, les hommes sont tous des enfoirés, les femmes y passent aussi. Je le trouve suffisant et désagréable plus souvent qu’autrement, et il argumente sans arrêt, sans compter le dilettantisme dont il fait preuve face à certaines choses de sécurité dans le bateau. Depuis 3 jours, je commençais à mettre en doute de continuer au-delà de La Coruna avec eux pour passer le Golf de Gascogne, mais cette engueulade me fait penser que je vais peut-être terminer cette aventure à ce moment-là. Une nuit de sommeil et un peu de recul me donneront la sagesse de réserver ma décision pour dans quelques jours, en laissant les choses suivrent leur cours.
Voir toutes les photos! http://www.facebook.com/album.php?aid=107174&id=705632214&l=9f56c26c33
Salut,
RépondreEffacerNous sommes lundi matin a Tokyo. Je viens de lire dans derniere entree....ummmm. Je suis un peu inquiete. Continue ton aventure avec le groupe si tu te sens en securite...Si ton desaccord de navigation est sur des questions de securite ou plutot de manque de securite - POUSSE-TOI de la au PC.
Grosse bise - tiens bon ! Nous penson a toi.
Cath