lundi 14 septembre 2009

Baptême de la mer

Jeudi le 10 septembre, nous avons accueilli à notre bord notre nouveau compagnon de route, Robin, qui arrivait au train à 23h. Grand, mince, ancien aviateur qui n’a pas pu faire carrière en aviation commerciale, un peu crâneur, très français, adore se moquer de tout le monde et se prend pas mal au sérieux… Je sens que je vais être le souffre-douleur…

Après une petite visite rapide du bateau, quelques explications, une petite bouteille de champagne à 3 pour arroser le départ qui s’annonce, tout le monde va se coucher car vendredi sera, on l’espère, une grosse journée!

Vendredi 11 septembre

Ça y est, ça sent le départ. Le mécanicien se pointe finalement vers 9h00, met du gaz dans le frigo, tripote le groupe électrogène pour finalement décréter qu’il ne peux pas poser la pièce qui a pris 3 jours à venir, pose un support métallique pour le pilote automatique qui était cassé, ajuste le réglage du thermomètre du frigo, et demande 400 euros à Bernard pour ses aller-retour! Comme dit Robin, « ils sont gonflés les espagnols! ».

Bref on part sans groupe électrogène qui sert à nous alimenter en 220V à bord, mais au moins on a un frigo. Petit tour au quai d’essence, lunch rapide, et hop, on

démarre à 14h10! À peine sortis de la marina, on se prend de la houle de 2 mètres et du vent de 30-35 nœuds (miles nautiques à l’heure, presque le double en km/h), qui pour quelqu’une habituée au Lac des Deux Montagnes est quand même impressionnant, et ça brasse en masse! Rapidement ça forcit de quelques nœuds avec des rafales à 85 km/h et les creux de vagues deviennent plus grands, jusqu’à 3.5 mètres. On en aura pour 5 heures là-dedans, par vent presque arrière, à surfer les vagues et se faire trimbaler d’un bord à l’autre. C’est excitant car le bateau tient super bien la mer, mais ça brasse un peu trop pour mes petites trippes qui ne sont pas amarinées… je vous laisse deviner la suite. Mais bon, ça fait partie du voyage, je me doutais bien que ça allait arriver, mais peut-être pas les premières heures! Donc pour les 5-6 premières heures, j’évite d’aller en bas dans le bateau. On se divise en quarts de 3 heures chacun, et mon premier arrive à 19h00 le 1er soir. J’adore barrer le bateau, j’apprends tout de suite à bien surfer les grosses vagues (et à ne pas trop les regarder venir, ça fait moins peur), et je m’amuse comme une folle même si je saute le souper pour laisser mon estomac s’habituer. Au coucher du soleil, 2 petites baleines globicéphales noirs viennent s’amuser tout près du bateau, très mignon!

Samedi 12 septembre

Cette première traversée se termine le lendemain vers 12h30 avec l’arrivée à Estepona après une navigation de plus de 22 heures. On passe l’après-midi à faire des bricoles sur le bateau, et on se prépare à passer une partie de la nuit au quai pour un départ vers le Détroit de Gibraltar à 03h00 du matin. Nous sommes en train de souper dans le bateau lorsque tout d’un coup des petits cérpitements se font entendre partout sous la coque. Les bruits, très inhabituels, s’en vont en s’amplifiant, et on se précipite à lever les panneaux des cales pour voir si de l’eau rentre (non), ensuite on défait les panneaux électriques et débranche les batteries au cas où ce serait électrique, c’est pas ça non plus…. On commence un peu à paniquer car ça se fait entendre de partout et c’est très fort, des milliers de petits crépitements ou bruits, comme si des petites bulles d’air pétaient. On pense alors à la structure de la coque, et si la coque se fendillait? Oh la, la panique, on fait venir le gars de la marina à 21h00 le soir pour savoir si c’est possible de sortir le bateau, etc. Entretemps je suis sur Skype avec Yves, qui regarde les forums sur le web et trouve une explication pour le moins inusitée sur le blog d’une navigatrice… ce sont en fait des mini crustacés qui s’attachent au bateau, et qui font le bruit avec leuir pince ou en se faisant bouffer par des petits poissons! On les appelle les « snapping shrimps »!!! Y’a même un video sur YouTube à propos de ceci. De son côté, le gars de la marina en vient aussi à la conclusion que c’est fait par les poissons. Eh ben dis donc, nous en avons eu pour une bonne frousse!

On se remet donc au souper, puis on va faire dodo car le départ se fera dans la nuit.

Dimanche 13 septembre

Cette journée est le moment le plus marquant à date. Bernard me réveille à 6h30 car mon quart ce matin-là commence à 7h00, les gars ont quitté la marina pendant la nuit. Nous sommes alors au pied du Rocher de Gibraltar, à 500 mètres du bord. WOW!!!! Les lueurs du jour pointent à l’horizon mais il fait encore nuit, des dizaines de cargos sont ancrés partout autour, nous zigzaguons entre eux pour passer la pointe. Y’a plein de touts petits bateaux de pêcheurs partout aussi qui sillonnent l’entrée du Détroit. Je prends la barre à 7h00 comme prévu, et une fois les gros cargos un peu éloignés, les gars vont se coucher et je reste toute seule à la barre – et je ressens alors un moment exhilarant très intense. Le soleil se lève à l’horizon en une grosse boule rouge, je suis à la barre d’un gros voilier qui pénètre dans le Détroit de Gibraltar, je suis entourée de toutes parts de navires de tailles que je n’ai jamais vues, je laisse le Rocher, qui est très impressionnant, derrière moi, et je vois très bien les magnifiques côtes marocaines à ma gauche. Ce sont les moments pour lequel je fais tout ceci!

La navigation à partir de là se fait plus facilement, le jour se levant, et le Détroit s’élargit rapidement. Nous atteignons en quelques heures Tarifa, la pointe la plus au Sud de l’Espagne, et ensuite plus tard en milieu de journée le Cabo Trafalgar. Maintenant officiellement en Atlantique!!!

Mais malgré cela, le temps est ensoleillé mais le vent est au beau plat… Nous ferons du moteur jusqu’à vers 17h00, où finalement on commence à avoir assez de vent pour rentrer à Cadiz à voile 3 heures plus tard, une autre traversée de 16 heures sous la ceinture.

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