vendredi 14 octobre 2011

À l'ombre du Stromboli

Je suis assisse dans le carré du bateau dans la marina de Pignataro, sur l’île de Lipari. Nous sommes venus en marina car ce soir la tempête gronde – d’ailleurs nous apercevons les immenses nuages noirs en forme d’enclume du côté du levant et le ciel se zèbre d’éclairs. Ça ne tardera pas… Éole se déchaînera au pire de sa colère vers 2 heures du matin, là où l’anémomètre enregistrera 32 nœuds de vent (on multiplie par 1.89 pour obtenir les km/h), et nous serons contents de ne pas devoir se fier sur notre ancre.

Petit verre de proseco à la main (c’est mon pré-apéro…), je vous raconte donc les derniers 48 heures. Mercredi soir nous avons navigué sous le soleil couchant pour rejoindre Stromboli, la plus à l’est des îles éoliennes.

L’île est essentiellement constituée du volcan (encore très actif) du même nom avec une couple de petits villages à son pied (comme dirait mon amoureux, qui aurait l’idée folle de s’installer au pied d’un volcan?!?). En 2002 d’ailleurs, une éruption soudaine a causé un glissement de terrain important et un tsunami de 10 mètres qui a abîmé sérieusement le village principal. Un cône parfait qui s’élève de la Méditerranée, il a fait l’objet de nombreuses légendes, histoires et même film. Pendant le jour, une légère fumée grisâtre s’en échappe constamment. Mais lorsque la nuit tombe, les curieux qui s’en approchent assez voient un magnifique spectacle de jets de lave en fusion projetés du haut d’un cratère quelques fois par heure.

Nos caméras ne nous faisant pas honneur, je mets ici une photo empruntée du web (la personne m’en excusera) pour que vous puissiez mesurer la beauté de la chose.

Avons navigué deux heures en début de soirée donc, sous le regard bienveillant d’une lune pleine s’étant levée exactement lorsque le soleil a disparu sous l’horizon, et un vent doux de 7-8 nœuds. Avons pris poste devant le côté nord du volcan pour regarder les jets de lave incandescente jaillir de son cratère – un spectacle irréel et magnifique. Certaines de ces mini-éruptions s’accompagnent d’un jet de roches toutes aussi incandescentes qui dévalent ensuite lentement la pente noircie du volcan.

Après avoir soupé d’un plat de pâtes cuites sous l’ombre de Stromboli en pleine mer, réchauffés et ragaillardis, nous sommes revenus vers Panarea, l’île voisine où nous avions prévu passer la nuit dans une petite cala (crique, ou caye) au sud.

Le vent devant tourner à l’est le lendemain, nous avons donc choisi un itinéraire qui nous faisait contourner l’île de Lipari par son côté ouest, inhabité mais plus scénique à cause des falaises, pour aboutir dans un petit port ouvert à l’ouest mais protégé du Levante, le vent venant de l’est qui prévaudra pour les prochains jours.

En Italie, chaque vent a son nom, et sa personnalité…

Nous avons donc découvert notre plus bel ancrage à date, Porto di Ponente, au nord de l’île Vulcano, surtout connu pour sa très belle plage de sable noir fin. L’autre village tout près, Porto di Levante, est lui célèbre dans le coin pour son bain de boue volcanique, point d’intérêt local que nous n’allions certainement pas manquer!

Une fois bien ancrés dans la baie, nous attachons le petit moteur hors-bord sur le dinghy pneumatique et mettons cap sur la plage.

De là nous revêtissons nos maillots de bain et affrontons l’odeur puissante de souffre pour se faire tremper dans les fanghi en espérant que ça guérira tous nos maux présents ou futurs… ou juste pour le trip en fait J

Vulcano elle-même est une très drôle d’île. Les habitations qui y existent sont en grande partie des villas basses entourées de jardins regorgeant de bougainvilliers, palmiers, arbres à fruits et autres végétations; les petites rues sont bordées de clôtures blanches délimitant les villas et de petites boutiques ouvertes au gré de l’humeur des tenanciers offrant bijoux en coquillages, paréo et cossins divers.

Les petits hôtels s’enorgueillissant d’offrir des soins de thalasso aux boues volcaniques sont tous fermés (la saison étant clairement terminée ici) et leurs jardins laissés plus ou moins à l’abandon avec leurs piscines vides côtoient des « cours à scrap ». On se croirait beaucoup plus dans les Caraïbes ou même Madagascar que dans une île italienne, et l’atmosphère « laid-back » qui semble y régner ne fait rien pour nous en démentir.

Mais au retour alors que nous rejoignons la spiaggia nera où nous avons laissé le pneumatique, la vue des bateaux ancrés dans la baie, les falaises noires de roches volcaniques en arrière-plan

et le crépuscule colorant le ciel nous offre une vue de carte postale.

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