mardi 25 juillet 2017

Jour 2 – L’estuaire du St-Laurent : Iles du Bic au Detroit d’Honguedo (environ Cloridorme)

La météo est toujours très clémente au petit matin, alors que je m’extraie de ma couchette vers les 8h00 pour attraper le petit-déj – pas très copieux ni varié; on a des tranches de pain avec de la confiture, du beurre d’arachide, des tranches de fromage et de petites viandes froides de mauvaise qualité. Si on fait escale, je fais des provisions!
Après une douche rapide (car on conserve l’eau sur un bateau), je me prépare tranquillement pour le prochain quart de 10h00 qui arrive vite quand tu te couches à 03h00 et tu termines le petit-déj à 8h45.

Nous avons quitté la Côte Nord de l’estuaire et avons maintenant un cap qui nous rapproche à moins de 5 miles nautiques des côtes de Cap Chat, ce qui donne une vue imprenable sur les Chics-Chocs. Le bateau n’avance vraiment pas vite, en moyenne 6-7 nœuds, et nous hissons et affalons les voiles au gré des humeurs d’Eole qui joue avec nous en nous envoyant tour à tour du vent du Nord-Est et du Sud-Ouest.
Finalement la seconde officier décide d’affaler tout ça et de mettre le moteur à fond, ce qui nous donne un peu plus de vélocité et nous donne l’impression de finalement avancer.

Le quart de jour sur un bateau, surtout quand on est à moteur, est affairé souvent à faire des petites tâches d’entretien. Aujourd’hui nous n’y échappons pas, je passe les deux premières heures du quart à huiler les planches de côté des 2 ponts avec de l’huile de teck, et en plus je trouve ça relaxant J. Par contre on se rend vite compte que comme dans toute équipe, tous ne partagent pas le lot de la même manière. Nous avons à bord des apprentis-matelots qui sont un peu moins bien équipés que d’autres (on se demande s’ils s’en allaient sur un bateau de croisière en Floride…) et certains qui sont un peu moins prompts à aider et à accomplir les tâches qu’on leur donne. Je travaille très fort à ne pas me laisser affecter par la frustration qui en résulte souvent.

Chaque jour, nous avons une séance appelée « Happy Hour », où tous les passagers sont appelés sur le pont avant. Malheureusement, aucun cocktail n’y est distribué, c’est plutôt l’heure de lavage quotidienne du bateau! Chacune des 3 équipes est assignée en rotation soit aux ponts, à l’intérieur de la salle commune, ou aux dortoirs et salles de bain. Moppe en main, chiffon sur l’épaule, les 33 apprentis matelots frottent et frottent pour rendre notre belle goélette à trois mâts toute propre malgré ses 44 passagers! L’après-midi est aussi agrémenté d’un exercice de sécurité: « Abandon Ship drill ». Très divertissant, compte tenu qu’on nous fait enfiler des combinaisons d’immersion énormes et extrêmement inconfortables, comme nous devrions le faire en cas d’une réelle évacuation. Avec un body suit en néoprène isolé avec gants et casque de caoutchouc et une énorme fermeture éclair qui enforme notre corps dans cette combinaison de survie, nous avons tous l’air de bonhommes lunaires. Cela donne lieu à bien des fous rires et quelques photos cocasses J
La journée est douce, la mer est magnifique et calme – et nous avons droit à un coucher de soleil d’une heure et demie, fidèle à ce que cette partie du monde sait nous donner. La lumière dorée à travers le hublot du navire me ravit et je me répète pour la 55e fois aujourd’hui à quel point je me sens privilégiée de vivre cette expérience. 


Après le souper, un membre d’équipage qui étudie les cétacés nous fait une petite conférence improvisée sur les baleines que nous pourrions rencontrer en chemin – c’est incroyable le nombre d’espèces différentes qui vivent dans cette partie du monde!!! Nous avons vu un peu de bélugas le premier jour au large de St-Siméon, j’espère voir des dauphins et au moins une grosse baleine d’une espèce que je ne connais pas – à suivre!

On se prépare pour le quart de 22h00 en se disant qu’il fera moins froid que la veille selon la météo – mais le ciel partiellement couvert et l’humidité qui est plus présente fait mentir le Dieu météo. Ayant allégé mes bagages à Québec par peur d’en apporter trop, je réalise que j’ai laissé trop de vêtements chauds derrière et je gèle un peu dehors la nuit. Ce soir je prend la barre – et nous passons les 4 prochaines heures à jouer au chat et à la souris avec les bateaux de pêche et les chalutiers qui eux, n’ont pas de cap et naviguent au gré des bancs poissons, mais dont la conduite erratique peut être très dérangeante pour un grand bateau qui ne se « tourne pas sur un dix sous ». Nous avons beaucoup moins d’étoiles que la veille et le ciel se confond avec la mer dans la nuit noire – ce qui donne une impression un peu étrange de flotter dans la nuit. Mais à la barre d’un bateau au milieu du néant, on a l’impression de posséder le monde.

Log book: 
Route approx: Du large des Iles du Bic au large de Cloridorme (00:00 à 00:00) le long de la Côte Sud de l'estuaire  - sous moteur et voile 
Distance 145 NM 
Vent SO à O 3-10 nds 




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