mardi 6 octobre 2009

Les Dodécanèses


Ah les îles grecques… mythiques mais méconnues, hyper popularisées et en même temps d’une autre époque, à l’autre bout du monde mais complètement tournées vers la modernité. Et d’une beauté légendaire!
Nous avons quitté Bodrum vendredi soir tout juste avant souper. Nous ne pouvions pas aller loin donc avons jeté l’ancre protégés par l’île juste en face, pour y passer la nuit. Je n’ai pas pu résister piquer une petite plonge dans la Méditerranée malgré qu’il ne faisait pas si chaud.
Samedi, après une brève escale obligée à l’île de Kos, un des ports d’entrée des îles grecques, pour y faire tamponner notre entrée en territoire grec et enregister le bateau et les passagers, nous avons mis cap sur les îles du Nord de l’Archipel des Dodécanèses. Ce fut une superbe journée de voile, un beau vent de travers de 15 nœuds, nous filions à toute vitesse. Nous sommes entrés dans la baie de l’île de Leros tout juste avant le coucher de soleil, pour y découvrir une petite île non envahie par le tourisme de masse, tranquille, charmante, et un peu endormie. Avons mis le bateau « cul à quai », typique façon méditerranéenne de s’amarrer dans les ports, et hop! nous avons sauté à terre pour aller prendre une bière sur les mignonnes petites tables en bois bleu royal. La Baie est tombée sous la noirceur rapidement, et nous avons été pris par le charme de l’endroit. Le lendemain matin, nous nous sommes faits réveillées par les papotements des vendeurs de poisson installés à 5 mètres de notre bateau – dorade, loup marin, rouget, petite friture, calmar, poulpe, et toutes sortes d’autres espèces non reconnaissables à mes yeux non initiés. J’ai sauté avec mon porte-monnaie, et pour 12 euros en sommes sortis avec un kilo de calmar frais et un demi kilo de petits poissons à frire. Ma prochaine escale a été la très alléchante pâtisserie juste à côté, et je n’ai pas pu résister aux gâteaux au miel qui font la fierté de cette île et aux chaussons à l’écorce de tangerine, amandes et miel, mium! Nous sommes partis de bons pas gravir la colline derrière le village, au sommet de laquelle trône un vieux château byzantin. Au passage, les paysages de jolis villages grecs se sont révélés à nous, au dédale des rues et des maisons carrées blanchies à la chaux.
Les choses se sont un peu corsées quand revenus au bateau vers 12h30 nous avons voulu lever l’ancre pour partir (car pour s’amarrer cul à quai, il faut laisser tomber l’ancre devant le bateau et reculer au quai, pour ensuite attacher le derrière du bateau avec une aussière de chaque côté. L’ancre garde l’étrave du bateau bien droite et nous empêche de cogner les bateaux à côté de nous). Leros étant un port surtout de petits pêcheurs, pas trop équipé pour le nautisme, nous avions laissé tomber notre ancre au-dessus de câblots attachés au fond par des vieilles ancres et des blocs de ciment, qui retiennent des corps morts dont se servent les pêcheurs pour mouiller dans la baie. Résultat, l’ancre était entremêlée avec des câbles, des chaînes et deux autres ancres, aucun moyen de la sortir de là! Francis, avec l’aide d’un voisin français qui connaissait quelques personnes sur l’île, a arpenté les quais pour trouver un plongeur qui pourrait nous dépanner, pour finir par découvrir que le plongeur était parti… plonger, et ne revenait pas avant la fin de la journée. Nous avons donc fait la sieste, mangé tranquillement, lu, etc. tout l’après-midi en tuant le temps. Le plongeur s’est finalement pointé à 17h30 et nous a sorti de notre impasse en 10 minutes, mais il était trop tard pour partir rejoindre une autre île ce soir-là.

Départ très tôt le lendemain matin, car nous voulions rejoindre l’île de Patmos un peu plus au nord en Mer Égée, pour y cueillir Patricia, notre nouvelle équipière. Une petite navigation au moteur de 4 heures nous y a mené en fin de matinée car il n’y avait aucun vent. Avons trouvé Patricia comme par hasard sur le quai en arrivant, et nous sommes installés à quai car nous prévoyions y passer 2 jours. Dans cette région, un vent fort dominant du nord, nord-ouest appelé « meltem » souffle en été et au début de l’automne. La météo nous annonçait un coup de vent de meltem à partir de lundi soir, donc nous avions décidé de passer les 48 heures pendant lesquelles ça durerait bien à l’abri à Patmos, qui de toute façon s’annonçait une très jolie escale. Et combien jolie est Patmos!!!
La mer au loin est plus bleue qu’on ne peut l’imaginer, les maisons plus blanches que sur les cartes postales; les jardins débordent de jasmin, de bougainvilliers roses, d’hibiscus rouge écarlate, de grenadiers croulants sous le poids des pommes grenades, de limiers en fruit, de figuiers jetant leurs dernières figues de la saison. C’est un enchantement que de se perdre dans les ruelles de ces petits villages et d’y déambuler sans but autre que de piéger la plus jolie vue possible. C’est à couper le souffle!!! Si elles sont fort jolies ces îles, par contre elles ne sont pas vertes, ce fut ma grande surprise. Ce sont des îles volcaniques, sèches, pleines de cailloux, et très en relief. Il y a de la verdure dans les jardins des maisons dans les villages, mais les paysages en dehors sont presque désertiques.
Aujourd’hui Francis avait loué une petite voiture car il devait aller à l’autre bout de l’île dans un chantier maritime pour y trouver une pièce pour son moteur Yamaha, donc nous en avons profité pour se rendre à la Chora, village traditionnel de ces îles grecques, perché sur la crête de la colline la plus haute de l’île. Il y a le monastère de Saint-Jean, qui aurait rédigé l’Apocalypse ici sur Patmos. L’île au complet est imprégnée de cet héritage religieux et abrite presqu’une centaine d’églises orthodoxes. Le Monastère est fort joli, et nous sommes arrivées tout juste à la fin de la Messe, alors avons pu admirer toutes les petites mamies en noir et les popes orthodoxes avec leur soutane et leur coiffe. Très exotique!
La balade à travers les petites rues de la ville fut charmante. Ensuite, cap sur un petit hameau au bord de la plage pour un lunch grec et 2 petites heures à la plage. On doit dire… les Grecs ne mangent pas très bien. C’est décevant, c’est beaucoup de friture, des plats simples préparés avec peu de condiments, pas très raffinés. Bon, on leur pardonne vu la beauté des paysages!
Sommes rentrés en fin d’après-midi pour voir la baie tranquille d’hier envahie aujourd’hui par des dizaines de voiliers se mettant à l’abri du meltem ce soir. Il y a une régate, des tas de voiliers de 40-50 pieds loués en Grèce par des équipages allemands qui font je ne sais quel parcours ont inondé les quelques places restantes de quai, se mettant en travers et s’accotant 4 ou 5 à l’épaule, et desquels sortent des innombrables équipages de mecs dans la trentaine ou la quarantaine pleins de muscles. Mais pas une fille en vue! Le vent souffle de plus en plus fort, nous sentons bien que la nuit ne sera pas tranquille, ni au niveau du bruit fait par les équipages voisins, ni au niveau du mouvement de va et vient que le vent inflige au bateau amarré.

1 commentaire:

  1. Salut Gen!

    Je te souhaite un équipage plus paisible que le dernier, ça devait pas être trop difficile...

    Continue à écrire, tu fais rêver!

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